Critique cinéma : « SUPERSTAR »

Avec la popularité des émissions de téléréalité, il est de plus en plus facile d'être célèbre, du moins, l'espace d'un moment. Beaucoup de gens travaillent même très fort pour que leur visage apparaisse à la télé ou dans les magazines à potins. Mais que faire si on devient célèbre sans trop savoir pourquoi et que l'on déteste cela? C'est un peu le « pitch » de « SUPERSTAR », le nouveau film de Xavier Giannoli basé sur le roman « L'idole », écrit par Serge Joncour.

Un type comme les autres
 
SUPERSTAR, c’est l’histoire d’un homme comme les autres, Martin Kazinski (Kad Merad), qui s’en va travailler à son usine de recyclage de pièces informatiques. Comme tous les matins, il doit prendre le métro. Assis confortablement sur un banc, il fixe une femme qui semble être un peu attirée par lui. Alors qu’elle sort du wagon, les voyageurs autour de lui semblent le reconnaître. Tout se déclenche. Les gens se mettent alors à le prendre en photo avec leur cellulaire et à lui demander des autographes, comme s’il était une grande vedette. C’est l’hystérie dans le métro. Dépassé par les évènements, il prend la fuite.
 
Peu de temps après, il est approché par Fleur Arnaud (Cécile de France). Elle travaille pour une émission de télévision et lui propose de venir sur le plateau pour élucider la question et comprendre ce qui se passe vraiment. Martin veut seulement redevenir l’homme qu’il était. Malheureusement, tout ne se passe pas comme prévu. Il a été manipulé. L’entrevue a alors l’effet inverse : il devient encore plus célèbre.

Au début, on a un peu de difficulté à s’identifier au personnage principal. Il nous semble un être mou et sans ambition. Mais plus on avance dans l’intrigue et plus on s’attache à ce gars banal, dont le seul crime est de vouloir mener une vie sans ambition à l’abri des caméras.

Une critique de notre système

SUPERSTAR est un peu une critique de la célébrité. Il raconte comment il est maintenant si facile de devenir une vedette. En effet, avec l’évolution des téléphones intelligents et l’accessibilité des sites de partage de vidéos, c’est un jeu d’enfant de diffuser de l’information à travers la planète. Il suffit que quelques personnes aiment ce que l’on a fait pour créer un effet boule de neige. C’est comme si tout le monde avait une envie d’être reconnu par ses pairs.

La production de Giannoli dénonce ce système, mais aussi la rapidité avec laquelle on peut monter très haut, puis descendre très bas. C’est d’ailleurs ce qui arrive à Martin. Il suffit qu’il pose un petit geste sans importance pour que toute la communauté le déteste et ne souhaite plus rien savoir de lui.

Un film divertissant, avant tout

SUPERSTAR reste un film divertissant. Il n’est pas trop lourd et certaines scènes, par leur absurdité, feront sourire le cinéphile. On sent que le scénariste s’est inspiré du livre La métamorphose de Kafka.

La prestation de Kad Merad est des plus remarquables. Il joue à la perfection un homme qui est pris au piège dans toute cette mascarade médiatique. À mesure que l’on avance dans l’intrigue, son visage accuse la fatigue, les poches sous les yeux se font plus présentes et les rides sont plus accentuées. On vient presque à ressentir de la pitié pour lui et l’envie de crier tout simplement : « Laissez-le donc tranquille, bon sang! »

De son côté, Cécile de France interprète de façon juste une journaliste qui a laissé tomber depuis longtemps ses ambitions de reporter à la recherche de la vérité. Elle se contente maintenant de sujets faciles, ayant comme objectif seul de faire monter les cotes d’écoute. Cette expérience lui montrera qu’il n’est pas toujours bon de vendre son âme au diable.

Le long métrage arrive très bien à nous présenter les deux facettes de la médaille : celui de la « star » et celui des médias. Malgré le fait que SUPERSTAR est un film satirique, les deux points de vue ne sont pas partiaux. Les journalistes ne sont pas montrés seulement comme des charognards à la recherche de viande fraîche. De l’autre côté, beaucoup de personnes, j’en suis sûr, peuvent s’identifier à Martin.

Verdict

SUPERSTAR dénonce avec brio l’univers de la célébrité et de la facilité avec laquelle on peut entrer dans le système. Tout en étant divertissante, l’œuvre de Xavier Giannoli permet de nous poser quelques questions. Par exemple, comment réagirions-nous si cela nous arrivait? Serait-on capable de jouer le jeu? Et comment sortir des griffes du système?

Cote : 4 étoiles sur 5

Merci à Métropole Films de nous avoir permis d’assister au visionnement de la presse.