« Mes plaisirs » de Marc Hervieux : heureux mélange entre classique et chansons populaires
D'abord chanteur d'opéra, Marc Hervieux s'intéresse de plus en plus au répertoire populaire. Après avoir consacré un album à la chanson populaire italienne, le ténor s'attaque aux chansons populaires québécoises et françaises dans le nouveau disque « Mes Plaisirs » sur l'étiquette ATMA Classique. Nous avons eu la chance de l'écouter. Voici nos impressions.
Un ténor dans l’univers de la chanson populaire
Au menu, on retrouve 12 chansons écrites par des artistes aussi variés que Luc Plamondon, Michel Vaucaire, Paul Daraîche, Raymond Lévesque, Édith Piaf, Jacques Brel et même un poème d’Émile Nelligan, mis en musique par André Gagnon.
Selon l’artiste, ces chansons sont pour lui de véritables coups de cœur. Il a autant de plaisir à les entendre qu’à les chanter. Et ça paraît!
Même si ce n’est pas de l’opéra ou des lieder qu’il interprète, Marc Hervieux semble en pleine possession de ses moyens. Sa voix est forte et puissante. Il sait aussi faire preuve de flexibilité. Par exemple, il n’aborde pas de la même façon « Le blues du businessman » de Luc Plamondon et « Ordinaire » de Mouffe. La première se rapproche plus de la comédie musicale, alors que la seconde ressemble plus à une chanson populaire.
Tout comme dans les grands airs d’opéra, la plupart des chansons ne sont en réalité qu’un prétexte au chanteur pour montrer au public toutes les subtilités de sa voix. Elles contiennent plusieurs crescendos intenses où Marc Hervieux excelle particulièrement. Certaines donnent même des frissons.
Une orchestration colorée
En l’écoutant, on oublie presque qu’à la base, il chantait des airs de Verdi et de Puccini. Il est cependant très à l’aise dans ce répertoire populaire. Il faut dire qu’il est accompagné avec brio par l’Orchestre symphonique de Québec sous la direction de Stéphane Laforest.
L’orchestration a par ailleurs été réalisée par Simon Leclerc. Elle est riche, très belle et surtout inspirée. Elle fait appel à tous les instruments de l’orchestre, y compris les cuivres, les timbales et la harpe. L’orchestrateur s’est clairement inspiré du répertoire classique. Par exemple, dans la chanson « Et maintenant » de Pierre Delanoë, on peut entendre un roulement de tambour qui n’est pas sans rappeler le fameux Boléro de Ravel.
Dans « Le Vaisseau d’or », le son des cordes fait plutôt penser au bruit des vagues. Je pense que le résultat n’aurait pas été pareil si le ténor québécois avait été accompagné par un petit ensemble classique ou populaire.
De plus, sa longue expérience comme chanteur classique lui permet d’être instantanément à l’aise avec de grands orchestres, ce qui n’est pas forcément le cas des chanteurs populaires qui sont habitués à se produire avec trois ou quatre musiciens.
Le présent album a été enregistré devant public à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec en février dernier avec l’Orchestre de Québec. La foule a été sage pendant l’exécution des pièces, même si on entend parfois quelques bruits de toux. Le seul reproche que j’ai à faire, c’est que les applaudissements gâchent un peu la fin de la dernière chanson. Mais bon, je pardonne au public qui devait sûrement être en délire devant une aussi bonne prestation.
Verdict
Que vous aimiez la musique classique ou la chanson populaire, « Mes plaisirs » est un album qui va sûrement vous plaire. Marc Hervieux réussit à fusionner ces deux mondes qui paraissent pourtant si éloignés l’un de l’autre. Il est bien plus qu’un chanteur d’opéra qui s’essaie dans le répertoire populaire pour faire mousser sa carrière. C’est un grand artiste qui transcende les genres.
Verdict : 9 sur 10.
Pour plus d’informations sur cet album, vous pouvez consulter la page d’ATMA Classique.