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Critique : « Dead Man Walking »

« Dead Man Walking » est le nouvel opéra présenté en première québécoise à l'Opéra de Montréal. C'est une œuvre à part, qui se distingue des grands classiques que présente habituellement l'institution montréalaise. Est-ce que ce choix risqué était une bonne idée?

Les derniers jours d’un condamné
 
Dead Man Walking est basé sur l’histoire vraie de Sœur Helen Prejean, une religieuse qui est devenue, dans les années 1980, la conseillère spirituelle d’un détenu condamné à mort. Certains ont sûrement déjà dû entendre ce nom puisqu’un film de Tim Robbins sous le même nom est sorti en 1995.
 
Dans cet opéra, on suit donc Joseph De Rocher (le baryton Étienne Dupuis), un homme qui a été condamné à mort pour le meurtre présumé de deux jeunes adolescents. Enfermé dans le couloir de la mort de la prison d’État d’Angola en Louisiane, il attend sa sentence. Même s’il sait qu’il va bientôt être exécuté, il refuse d’admettre une quelconque responsabilité dans ce qui s’est passé.
 
Depuis peu, il correspond avec Sœur Helen Prejean (la mezzo-soprano Allyson McHardy). Sachant que ses jours sont comptés, il lui demande de venir lui rendre visite au pénitencier et de devenir sa conseillère spirituelle. L’opéra va beaucoup être axé sur cette relation à la fois tendre et difficile entre ce criminel et cette bonne sœur.
 
Une musique moderne, mais inspirée 
 
Dead Man Walking est le premier opéra du compositeur américain Jake Heggie. Il a été présenté pour la première fois au San Francisco Opera en 2000. Depuis, il a fait le tour de la planète où il a été presque à chaque fois acclamé par la critique. On comprend mieux aujourd’hui pourquoi.
 
Même s’il s’agit d’une œuvre moderne, Dead Man Walking est musicalement très accessible. On n’entre pas non plus dans le bel canto, mais plusieurs pièces et leitmotive sont très inspirés et collent parfaitement à l’action.
 
À proprement parler, il n’y a pas de grands airs comme on pourrait l’entendre dans un opéra de Verdi, par exemple. Il s’agit plutôt de déclamation ou si vous préférez, un mélange entre le chant et la parole. Dans ce domaine, l’œuvre de Heggie a souvent des allures de comédie musicale.
 
Des chanteurs frôlant la perfection
 
Allyson McHardy tient littéralement sur ses épaules cette production du début à la fin. En effet, elle est quasiment toujours sur scène dans cet opéra d’une durée de près de 3 heures. Sa voix est juste, subtile et puissante. De toute beauté.
 
L’autre grand rôle de cette œuvre revient à Étienne Dupuis. Il faudra toutefois attendre plusieurs minutes avant de l’entendre chanter. Il offre une prestation forte et bouleversante d’un homme qui vit ses derniers moments et qui cherche un peu d’amour et de compassion.
 
Les autres personnages secondaires, il y en a beaucoup, sont incarnés par des chanteurs qui sont tous très professionnels. Kimberly Barber, dans le rôle de la mère du détenu, est vraiment émouvante.

Une mise en scène théâtrale 
 
La mise en scène est l’un des points forts de cette représentation. Étant donné que l’action se passe en prison la majorité du temps, la scène est remplie de grilles qui se déplacent au gré des scènes. On sent ainsi toute cette oppression et cette tension qu’il peut y avoir derrière les barreaux. C’est très bien fait et impressionnant à voir.
 
Contrairement à ce que l’on peut voir dans d’autres opéras, il y a eu un réel effort fait par le metteur en scène Alain Gauthier. Les personnages ne sont pas statiques, n’ont pas peur de bouger et expriment vivement leurs émotions. Bref, on a quasiment l’impression d’assister à une pièce de théâtre.
 
Des passages inoubliables 
 
Dead Man Walking est un opéra en deux actes et un prologue. L’Acte 1 contient 10 scènes et l’Acte 2, 8 scènes. Musicalement parlant, il y a beaucoup de duos entre Sœur Helen Prejean et d’autres personnages comme Sœur Rose (la soprano Chantale Nurse). Il y a aussi quelques passages avec le chœur qui sont très réussis.
 
Par contre, l’un de mes moments favoris de l’opéra est la scène 8 de l’Acte 1 où les quatre parents des deux victimes s’en prennent à Sœur Helen lui reprochant de ne pas comprendre ce qu’ils ressentent. C’est tout simplement un grand moment de musique. Il n’y a pas de mots qui peuvent expliquer ce que j’ai ressenti en savourant cet instant.
 
L’autre moment fort est la fin de l’opéra où on assiste bien malgré nous à l’impuissance de Sœur Helen face à ce qui arrive à Joseph. Le long moment de silence qui caractérise cette scène est incroyable. C’était tellement intense qu’on aurait pu entendre une mouche voler dans la salle Wilfrid-Pelletier, qui était remplie au maximum de sa capacité.
 
Verdict 
 
J’avoue qu’en allant voir Dead Man Walking, j’étais un peu sceptique. J’avais peur de voir une œuvre inaccessible. Fort heureusement, j’ai été agréablement surpris. L’opéra de Heggie est une œuvre touchante qui évoque un sujet tabou : la peine de mort. Peu importe ce que l’on en pense, elle ne laissera personne indifférent. 
 
Dead Man Walking est à l’affiche les 9, 12, 14 et 16 mars 2013 à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place de Arts de Montréal. 
 
Merci à l’Opéra de Montréal de nous avoir permis d’assister à la première de cette œuvre. 

Les images proviennent de l’Agence QMI. 

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