Est-ce que les restaurants tuent notre atmosphère?

Bien qu’elle date de 2009, une étude réalisée par le département du gouvernement californien, nommé South Coast Air Quality Management District (SCAQMD), fait des vagues depuis quelques semaines sur les médias sociaux. Le but de cette étude était de démontrer à quel point les restaurants sont des sources de pollution importante. En effet, les équipements…

Bien qu’elle date de 2009, une étude réalisée par le département du gouvernement californien, nommé South Coast Air Quality Management District (SCAQMD), fait des vagues depuis quelques semaines sur les médias sociaux. Le but de cette étude était de démontrer à quel point les restaurants sont des sources de pollution importante. En effet, les équipements de cuisine comme les grils, friteuses, poêles à gaz, fours au charbon de bois, etc., émettent d’énormes quantités de particules dans l’atmosphère, le plus gros problème étant le manque de réglementation sur ce genre d’émissions. Toujours selon cette étude, c’est plus de 11 tonnes par jour de matière particulaire* (MP) en provenance des restaurants qui sont envoyées dans l’atmosphère… et ce, seulement dans cette région du sud de la Californie!
 
Les chiffres
 
Selon l’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis, les émissions reliées à la combustion automobile se chiffrent autour de 864 000 tonnes de MP par jour. Ce chiffre est monstrueux en comparaison avec celui projeté par le SCAQMD pour les restaurants (le chiffre est monstrueux tout court…), mais gardez en tête que l’étude ne porte que sur une région de la côte sud de la Californie. Quant aux chiffres de l’EPA, ils touchent le pays entier. La zone couverte par le SCAQMD couvre une des portions les plus peuplées du pays en incluant des villes comme Los Angeles et San Diego. Admettons (0 crédibilité scientifique à ce calcul, mais ça donne une idée) que ce bassin compte la moitié de la population californienne, on pourrait donc dire que c’est environ 22 tonnes par jour. Si on applique ça sur les 52 États américains, on arrive à plus de 1100 tonnes par jour. On est toujours loin des chiffres liés à la combustion automobile, mais ça fait quand même peur.
 
Les effets sur la santé
 
Des études ont démontré que les matières particulaires atmosphériques ont un impact non négligeable sur la santé humaine. Je me fie toujours aux données fournies dans l’étude du SCAQMD, lesquelles s’appliquent donc seulement à la Californie, mais vous pouvez tout de même constater l’ampleur de l’impact. De 1999 à 2000, c’est 5400 bébés morts prématurés, 2400 hospitalisations, 140 000 cas d’asthme et de problèmes respiratoires, et près de 1 million de journées d’absence au travail. Ce sont donc des impacts très sérieux. Certes, les restaurants ne sont pas les seuls à émettre des MP. Le parc automobile et les industries sont des très grands pollueurs atmosphériques. 
 
Au Québec
 
Et pourtant des technologies existent pour réduire ces émissions. Tel que mentionné plus haut, le manque de réglementation fait en sorte que les restaurants ne sont pas obligés d’installer de tels équipements. Au Québec, la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE) constitue le seul règlement régissant les émissions atmosphériques. J’ai fait une recherche rapide sur le code du bâtiment du Québec, mais je n’ai rien trouvé qui oblige les restaurateurs à installer des systèmes antipollution. Si vous êtes au courant d’une telle réglementation ou obligation, je vous invite à la partager dans la section commentaire! En ce qui a trait à la LQE, je ne crois pas que les enquêteurs (vraiment pas assez nombreux) du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs aient comme priorité d’enquêter sur les émissions des restaurants du Québec, surtout étant donné la mode actuelle de la bouffe et de la restauration!
 
Conclusion
 
Pour X raisons, les médias sociaux ont sauté sur cette étude mais ont lancé un message un peu trop alarmiste. Certes, ces émissions sont problématiques, surtout par le fait qu’il n’existe pas, ou peu, de réglementation gérant les émissions des restaurants. Mais le plus gros problème à l’heure actuelle demeure les émissions issues des moteurs à combustion. Il serait tout de même intéressant que le MDDEP fasse plus d’études sur le sujet afin de mettre la réglementation à jour si besoin. C’est sûr que les restaurateurs se mettraient à crier si on les obligeait à installer des systèmes antipollution. Mais les installateurs de ces systèmes eux, seraient très heureux, tandis que les poumons de vos proches respireraient un peu mieux!
 
 
*Mélange ambiant de particules solides et liquides
 
Sources : 
http://www.epa.gov/cgi-bin/broker?_service=data&_debug=0&_program=dataprog.national_1.sas&polchoice=PM
http://www.aqmd.gov/
http://www.aqmd.gov/rules/proposed/1138/PAR1138PDSR.pdf

http://4.bp.blogspot.com/_uOL8vPc-ll4/TFMwOMCqe3I/AAAAAAAACCo/43kaKF0AqEE/s1600/tarheel+Q+smoke.jpg