Le Québec devient-il l’endroit privilégié où faire renaître et éclore des franchises?

Que donnent des passionnés de jeux vidéo qui conçoivent le fruit de leur passion? La plupart du temps, cela se concrétise par de bons, voire d’excellents jeux. En fait, à la base de tout bon jeu se trouve une équipe de joueurs adorant non seulement leur métier, mais jouant aussi depuis plusieurs années à cette…

Que donnent des passionnés de jeux vidéo qui conçoivent le fruit de leur passion? La plupart du temps, cela se concrétise par de bons, voire d’excellents jeux. En fait, à la base de tout bon jeu se trouve une équipe de joueurs adorant non seulement leur métier, mais jouant aussi depuis plusieurs années à cette forme de divertissement.

Ainsi, il ne faut pas s’étonner que plusieurs jeux conçus au Québec reçoivent tant les éloges de la critique que des joueurs, notre belle province foisonnant tant au plan du talent créatif que de la passion du jeu vidéo. Depuis plusieurs années, de nombreux studios québécois ont permis au Québec de se faire connaître sur la scène internationale par l’entremise de jeux de grande qualité, à un tel point qu’il est permis de se demander si notre coin de pays n’est pas devenu l’endroit privilégié afin de faire naître ou renaître des franchises.

Avant l’ouverture de studios de grandes compagnies, Montréal a vu quelques développeurs s’établir en son sein, dont Microïds. Ce dernier a conçu des jeux de qualité durant son existence, incluant les deux volets de la série Syberia. Acclamés par la critique et par les amateurs de jeux d’aventure, ces jeux ont permis à des milliers de fans de renouer avec un style de jeu fortement négligé au début des années 2000 au profit de jeux davantage axés sur l’action. Grâce à un scénario solide, des personnages attachants et un style artistique éblouissant, Syberia a fait sa marque dans le monde du jeu vidéo et a permis aux amateurs des Myst, Monkey Island et Grim Fandango de plonger dans une aventure bien réalisée et très prenante. Bien que Microïds ne soit plus, le studio aura permis au Québec de démontrer son talent créatif en conception de jeux vidéo.

Le second exemple de l’excellence du Québec en développement de jeux vidéo, et sans aucun doute le plus connu, est celui d’Ubisoft Montréal. S’étant établi dans la métropole alors que le jeu vidéo était une industrie négligée et quasi inexistante à l’époque, Ubisoft a rapidement donné sa confiance à sa filiale montréalaise et cela a porté fruit. Tom Clancy’s Splinter Cell a permis au studio d’être reconnu à travers le monde grâce à sa grande qualité ayant révolutionné les jeux d’infiltration et d’espionnage. Fort de ce succès, Ubisoft a rapidement confié le mandat à son studio montréalais de renouveler la série Prince of Persia, pratiquement rayée de la carte à la suite de l’échec cuisant de Prince of Persia 3D. Résultat : Ubisoft Montréal a livré un autre jeu d’envergure avec Prince of Persia: The Sands of Time, qui a littéralement donné un second souffle à une franchise qui ne s’en allait nulle part. Depuis, les succès se sont enchaînés avec la mise en marché de plusieurs autres titres ayant connu de retentissants succès et dont l’excellence a été soulignée à maintes reprises, incluant les autres volets de la franchise Prince of Persia et un certain Assassin’s Creed. Malgré les pertes de directeurs talentueux au cours des dernières années (Martin Carrier, Jade Raymond et Patrice Désilets, pour ne nommer que ceux-là), Ubisoft Montréal a le vent dans les voiles et poursuit toujours son expansion. En outre, son prochain jeu, Assassin’s Creed: Revelations, est l’un des plus attendus de l’automne et plusieurs centaines de milliers de fans attendent avec impatience ce jeu qui devrait enfin apporter les réponses aux questions soulevées dans les volets précédents de la série.

À la suite du succès d’Ubisoft à Montréal, Electronic Arts a également jugé bon d’ouvrir un studio dans cette ville québécoise. Le premier jeu de la filiale montréalaise, Army of Two, a été un autre succès concrétisant le savoir-faire québécois dans le domaine du jeu vidéo avec des ventes excédant les 1,5 million de copies. Même si le second jeu de la série n’a pas connu le succès escompté, EA Montréal a tout de même livré un bon jeu d’action, bien meilleur que plusieurs jeux du même genre. N’oublions pas qu’EA Montréal est aussi à l’origine du nouveau système de contrôles instauré dans le jeu NHL 10, qui a enfin apporté un vent de fraîcheur à une série qui stagnait depuis plusieurs années. Depuis ce temps, EA Montréal est devenu EA Visceral et s’est vu confier plusieurs projets importants, dont des expansions de Mass Effect 2 et une grande partie du développement de Mass Effect 3. Notons aussi l’expansion fulgurante du studio qui, de simples locaux sans plafond à ses débuts (!), a vu son nombre d’employés bondir et ses infrastructures s’agrandir grâce à l’ouverture des studios Playfish et EA Mobile occupant aujourd’hui plusieurs étages du 3, Place Ville-Marie.

La ville de Québec a aussi vu différents studios connaître beaucoup de succès sur la scène internationale, dont Beenox. L’an dernier, ce studio a réellement saisi sa chance en lançant le jeu Spider-Man: Shattered Dimensions. À l’instar d’Ubisoft Montréal avec Prince of Persia, Beenox a fait renaître la série Spider-Man dans le domaine du jeu vidéo après des opus plus que décevants ayant été produits à partir des films inspirés des aventures de l’homme-araignée. Le jeu a remporté un tel succès qu’Activision a confié la franchise Spider-Man au studio québécois. Son prochain jeu, Spider-Man: Edge of Time, en est un autre fort attendu l’automne prochain et dont la popularité sera intéressante à surveiller.

Plus récemment, Eidos Montréal s’est aussi illustré en faisant renaître la franchise Deus Ex. Pratiquement tombée dans l’oubli à la suite du décevant Deus Ex: Invisible War, la série Deus Ex retrouve en ce moment ses lettres de noblesse via Deus Ex: Human Revolution, un jeu acclamé par la critique et qui répond aux attentes des fans de la franchise. Bien qu’on ignore si le jeu est un succès commercial puisqu’il vient d’être lancé, certains indices laissent croire que le troisième jeu de la série Deus Ex a trouvé sa niche puisque la semaine dernière, le service Steam a enregistré un pic de quelque 56 000 joueurs qui jouaient en même temps au premier projet d’Eidos Montréal! Disons que l’excellence de Deus Ex 3 laisse entrevoir le meilleur pour Thief 4, qui devrait aussi être conçu par le studio montréalais.

Avec de tels exemples, difficile de penser que le Québec n’est pas un endroit à privilégier pour une compagnie désirant ouvrir un nouveau studio et, de surcroît, relancer une franchise morte. En outre, il sera intéressant de suivre les progrès de plusieurs autres studios au cours des prochains mois et des prochaines années, incluant ceux de THQ Montréal, Warner Bros. Montréal, Funcom, Frima Studios, Sarbakan, etc.

Toutefois, l’excellence du Québec dans l’industrie du jeu vidéo pourrait aussi lui être néfaste. Déjà, les studios majeurs établis dans la province estiment qu’il y a trop de studios dédiés au développement de jeux vidéo pour un marché aussi petit et que la pénurie actuelle dans ce domaine ne fera que s’accentuer. Du même coup, y aura-t-il un impact sur la qualité des jeux produits si les studios québécois se voient confier des projets d’envergure sans pouvoir recruter le talent nécessaire afin de les concrétiser à leur plein potentiel?