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Célibataires cherchent filles à marier…

La plupart des Québécois de souche française comptent parmi leurs ancêtres une des Filles du roi. Voyons ce qui a amené le Roi-Soleil, Louis XIV, à envoyer ces jeunes femmes dans cette contrée inhospitalière qu'était la Nouvelle-France.

On a beau dire que les hommes et les femmes sont en perpétuelles chicanes et qu’ils ne se comprennent pas, toute notre vie, gars comme filles, nous cherchons à trouver l’âme sœur. Nous aspirons pour la plupart à finir en couple et généralement à avoir des enfants. Ce constat si évident pour nous aujourd’hui ne l’était pas du tout pour nos ancêtres colons il y a 350 ans en Nouvelle-France. En fait, les gars qui se sont embarqués pour l’Amérique française en quête de fortune et de liberté sont arrivés en groupes de gars… pas de filles, ou presque! Cette situation amena le roi Louis XIV à envoyer celles que l’on appellera plus tard les « Filles du roi ».

Peuplement de la colonie
Bien que la ville de Québec fut fondée en 1608, il faut attendre 1617 pour que les premiers colons destinés au peuplement de la colonie ne se pointent en Nouvelle-France. Il s’agit de Louis Hébert et sa famille. La croissance de la population n’était alors pas la priorité pour la France, mais bien le profit via la traite des fourrures. C’est pourquoi la très grande majorité de ceux qui venaient de ce côté-ci de l’Atlantique était des hommes : engagés de compagnies de commerce, soldats de fortune, ecclésiastiques, etc.

Ainsi, jusqu’au début des années 1660, la population de la Nouvelle-France a souffert d’une stagnation de croissance démographique et surtout d’un déséquilibre marqué dans son ratio hommes-femmes. On rapporte qu’à ce moment, il y avait 6 à 18 fois plus d’hommes en âge de se marier que de filles!

Filles à marier recherchées…
La perspective qui s’offrait aux jeunes hommes de la colonie était extrêmement limitée côté « femme ». Il y avait, en 1663, près de 800 hommes célibataires pour à peine 60 filles à marier. Le roi Louis XIV, insatisfait du lent peuplement et développement de la colonie, fit de celle-ci une colonie royale, dont le pouvoir était plus centralisé, et prit sur lui d’envoyer des filles à marier aux pauvres célibataires qui risquaient, si rien n’était fait à ce sujet, de se marier à « l’indienne » (avec une Amérindienne sans contrat de mariage) ou de courir les bois. Après tout, les gars ne sont pas faits en bois!

La première arrivée des « Filles du roi », comme on les appellera plus tard, se fit le 22 septembre 1663. Elles arrivèrent sur le vaisseau l’Aigle d’Or après une rude traversée. Petite anecdote, elles côtoyèrent les cinq premiers chevaux à venir au Canada. Pour les chevaux, toutefois, le ratio mâles-femelles était l’inverse de la population de la Nouvelle-France : quatre juments et un étalon!

Les Filles du roi étaient majoritairement des orphelines dont le roi agissait comme substitut de père et apportait à celles-ci une dot qui les rendait intéressantes pour qu’un gars se décide à les marier rapidement. Une Fille du roi voyait son voyage vers le Canada, ses frais de subsistance, son éducation et son trousseau (linge, articles de cuisine) payés, en plus d’un montant de 50 livres. Des soirées étaient organisées pour que gars et filles se rencontrent et se « matchent ». Les gars choisissaient dans le tas, mais la fille pouvait refuser. En quelques jours ou semaines, toutes les filles s’étaient trouvé un mari. C’était presque du speed dating!

Explosion démographique
Il y eut près de 800 Filles du roi qui firent la grande traversée entre 1663 et 1673 et la chose fonctionna. La population tripla en une douzaine d’années! Bien sûr, plusieurs se sont amusés à dépeindre les Filles du roi comme étant des filles de mauvaise vie, voire des prostituées. Il n’en est rien. L’intendant Jean Talon, qui arriva dans la colonie en 1665, s’assura que les filles envoyées ici répondent aux critères moraux très élevés de l’époque. Pas sûr non plus que les gars auraient souhaité avoir une « guedaille » pour épouse… Ces jeunes filles, à peine femme, ont fait preuve de courage et d’abandon, et leur contribution à l’histoire de notre nation est incroyable. Ça prenait des femmes fortes pour mettre à leur main ces gars habitués à courir les bois et quoi d’autre encore…

Afin de célébrer le 350e anniversaire de l’arrivée des Filles du roi, il y aura des activités organisées un peu partout au Québec, dont une la fin de semaine du 17 août à la Maison Saint-Gabriel de Montréal (voir lien ci-dessous).

Liens :
http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?id_nbr=277
http://fr.wikipedia.org/wiki/Filles_du_Roi
http://www.maisonsaint-gabriel.qc.ca/fr/programmation/350e.php

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