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Dossier criminel : Karla Homolka

En général, les hommes font davantage la une de la scène judiciaire que les femmes. Or, certaines prennent une place aussi, sinon plus, importante que les hommes ayant tristement fait parler d’eux en raison de leurs activités délictueuses. Parmi ces femmes se trouve Karla Homolka, dont le seul nom fait frémir le Canada en entier. Histoire troublante d’une femme troublée.

Les animaux réunissant les amants maudits

Karla Homolka, née en 1970 sous le nom de Karla Leanne Homolka, n’a pas connu une enfance difficile ou jonchée d’événements dérangeants. Durant ses études secondaires à Saint Catharines, en Ontario, elle développe un vif intérêt pour les animaux domestiques, ce qui l’emmène à travailler à temps partiel dans une clinique vétérinaire. En 1988, après avoir terminé ses études secondaires, elle accepte un poste d’assistante vétérinaire à la Thorold Veterinary Clinic.

C’est en octobre 1987, à l’occasion d’une convention de l’industrie animalière à Toronto, que Karla Homolka rencontre Paul Bernardo, dont elle tombera éperdument amoureuse. Le 24 décembre, Paul demande Karla en mariage. Or, la lune de miel est de courte durée pour le couple Bernardo. Paul est un homme violent qui bat régulièrement sa femme et qui lui inflige différents sévices. D’ailleurs, en 1993, Bernardo frappe si fort Homolka qu’elle est admise à l’urgence pour des blessures sérieuses. Pire encore, Bernardo initie sa femme à différentes activités criminelles et l’implique dans 3 histoires de meurtres qui secoueront le Canada.

Première victime : la sœur d’Homolka

À l’été 1990, Paul Bernardo devient obsédé par Tammy, la petite sœur de Karla. Sous la domination de son mari, cette dernière vole des Valium à la clinique vétérinaire où elle travaille et en parsème le spaghetti qu’elle et Bernardo servent à Tammy à l’occasion d’un souper. Droguée, Bernardo s’empresse de violer Tammy avant qu’elle ne se réveille, soit au bout d’une minute environ.

Le 23 décembre 1990, tout juste après une réception de Noël chez les Homolka, Karla et Paul droguent Tammy avec des tranquillisants une fois de plus subtilisés à la clinique vétérinaire où Homolka travaillait. Le couple viole l’adolescente qui, sous l’effet des drogues, vomit. Or, elle est si mal en point qu’elle finit par s’étouffer dans ses vomissures et mourir étouffée. Le couple s’empresse de cacher tout élément suspect et prend soin de rhabiller l’adolescente avant d’appeler le 911. À l’arrivée des policiers, Bernardo mentionne avoir tenté en vain de ranimer la jeune soeur d'Homolka, amenant les enquêteurs à conclure à une mort accidentelle.

Seconde victime : Leslie Mahaffy

Le 15 juin 1991, deux semaines à peine avant son mariage, Paul Bernardo enlève une adolescente de 14 ans du nom de Leslie Mahaffy devant chez elle. Abordant la jeune femme à l’aide de cigarettes, Bernardo la forcera à entrer dans son véhicule et la conduira à son domicile, 53 kilomètres plus loin. Homolka et Bernardo séquestreront et drogueront la jeune fille durant 24 heures, durant lesquelles ils la violeront à plusieurs reprises. Le couple filmera les viols, dont un où Homolka se fera belle pour la caméra avant d’abuser de l’adolescente.

Éventuellement, la jeune fille mourra sous les sévices du couple. Le jour suivant, ayant caché le corps au sous-sol, le couple reçoit les parents d’Homolka pour la fête des pères. Une fois le repas terminé et la visite partie, Homolka et Bernardo décident de démembrer le corps de Mahaffy et de couler ses morceaux dans des blocs de béton. Ils plongent ensuite ces derniers dans le lac Gibson. Ceux-ci seront retrouvés quelques jours plus tard par un couple qui ramaient sur le lac. Le béton est tellement mal fait que l'un des blocs s'ouvre de lui-même, exposant certains restes du cadavre. Au même moment, Homolka et Bernardo prononçaient leurs vœux de mariage.

Après leur arrestation, Homolka affirmera que c’est Bernardo qui a tué Mahaffy en l’étouffant à l’aide d’une rallonge électrique, tandis que Bernardo déclarera qu’au contraire, c’est Homolka qui l’a tuée en lui administrant une trop forte dose d’Halcion alors qu’il se trouvait à l’extérieur de la chambre.

Troisième victime : Kristen French

Le 16 avril 1992, le couple Bernardo fait sa troisième et dernière victime. Approchant Kristen French dans un stationnement de Saint Catharines en prétendant être perdue, Homolka attire l’adolescente jusqu’à la voiture de son mari, où ce dernier la force à embarquer en la menaçant avec un couteau. Malgré la présence de plusieurs témoins, personne n’a bougé.

Les Bernardo conduisent French à Port Dalhousie, où ils la torturent et violent pendant 3 jours. Elle finira par mourir sous les assauts du couple de criminels. Comme dans le cas de Leslie Mahaffy, Homolka et Bernardo s’accuseront mutuellement pour le décès de French.

L’arrestation et le pacte controversé

Bernardo était déjà dans la mire des policiers pour une série de viols commis dans la ville de Scarborough. De plus, ils avaient questionné le couple à de nombreuses reprises, notamment à la suite de la mort de Tammy Homolka et d’une série d’agressions commises par Bernardo. En 1993, 26 mois après avoir soumis un échantillon d’ADN afin d’identifier le violeur de Scarborough, les policiers découvrent qu’il s’agit bel et bien de Bernardo. Ils le placent immédiatement en état d’arrestation, mais la suite des événements les mènera à conclure d’autres enquêtes de façon tout à fait inattendue.

Rencontrée à plusieurs reprises au fil des ans, Homolka refuse obstinément de s’inculper et même d’inculper son mari sauf en ce qui concerne les mauvais traitements qu’il lui inflige. Elle déclare être une épouse battue et maltraitée par Bernardo jusqu’au 11 février 1993 alors qu’elle rencontre l’avocat de la Couronne George Walker. Demandant une immunité complète en échange de sa collaboration, Homolka finira par obtenir une offre du gouvernement : une collaboration complète et des aveux où elle indiquera le rôle qu'elle a joué de même que celui de Bernardo dans les meurtres en échange d’une peine réduite de 12 ans de prison dont elle pourra être libérée après le quart si elle se conduit bien. Homolka n’a alors qu’une semaine pour accepter l’offre du gouvernement, ce qu’elle fait.

Tout cela se déroule sans que le public ne le sache, les avocats ayant demandé une ordonnance de non-publication pour l’offre déposée à Homolka. La Couronne savait que le public décrierait cette entente et que cela entacherait la confiance de la société envers le système de la justice. Or, afin d’élucider totalement les meurtres et pour inculper sans aucun doute raisonnable Bernardo, la Couronne estime qu’il vaut mieux conclure ce pacte et utiliser les informations et preuves fournies par Homolka contre Bernardo lors de son procès. À ce moment, la Couronne n’avait aucune preuve directe pour lier Bernardo aux meurtres des 3 jeunes filles et le témoignage de même que les preuves matérielles fournies par Homolka constituaient leur seul et unique moyen pour faire condamner Bernardo pour ces assassinats.

Les controverses à la suite du procès

Le cas de Karla Homolka a suscité beaucoup de frustration dans la société. Même si elle a accepté de collaborer, plusieurs ont affirmé que la Couronne n’aurait jamais dû conclure un tel pacte en raison de l’implication manifeste d’Homolka dans les meurtres et de son aveu de culpabilité dans ces crimes. Effectuez une simple recherche sur Internet et vous trouverez plusieurs commentaires de gens qui pensent que Karla Homolka devrait toujours se trouver en prison.

L’incarcération même d’Homolka a suscité beaucoup de réactions au sein de la population. En plus d’une durée que plusieurs ont jugé ridicule, des photos ont circulé dans les médias montrant une Karla Homolka pétillante et faisant la fête en prison. Elle semblait jouir de privilèges et purger une peine festive plutôt que punitive, ce qui attisa la colère générale.

Diagnostics

Comment expliquer que Karla Homolka, qui n’avait aucune prédisposition à la violence et qui n’avait pas un vécu exceptionnel, ait pu commettre des gestes aussi atroces? Divers spécialistes se sont penchés sur son histoire et les hypothèses sont nombreuses.

Ainsi, au début des années 90, alors qu’Homolka était au cœur d’une vie conjugale empreinte de violence, un psychiatre ayant été amené à l’évaluer à la suite de son admission à l’hôpital pour coups et blessures a déclaré qu’elle présentait déjà un état psychique dégradé.

D’autres spécialistes ont posé des diagnostics mentionnant qu’Homolka vivait le syndrome de la femme battue, soit qu’elle était totalement sous l’emprise de Paul Bernardo et qu’elle s’est construite une identité à travers lui. Puisqu’elle se faisait battre et maltraiter, elle n’a pu développer une confiance en elle qui lui aurait permis de se distancer des actes de son mari, voire même de le quitter sous peine de recevoir d’autres mauvais traitements ou de subir des conséquences considérables dans d’autres sphères de vie.

Il a aussi été évoqué qu’Homolka avait un trouble d’identité sexuelle. En outre, elle cherchait à ignorer son homosexualité et trouvait des excuses pour expliquer ses comportements sexuels avec d’autres femmes. En plus de pointer du doigt Bernardo pour les viols commis envers les jeunes filles, elle a affirmé qu’elle n’avait pas eu de relations homosexuelles avec une codétenue lorsqu’elle se trouvait en prison puisque cette femme se considérait comme un homme. Complètement confuse quant à son orientation sexuelle, cela aurait accentué la confusion régnant dans son esprit. Bref, des gestes malsains commis dans un environnement malsain par un esprit malsain.

Aujourd’hui, Homolka a disparu des radars. Une journaliste l’a retracée dans un coin reculé de la Guadeloupe en mai 2012. Elle porterait désormais le nom de Leanne Bordelais et aurait 3 enfants. Elle tenterait ainsi de faire oublier son identité, de même que les horreurs qu’elle a commises, bien que ces dernières demeureront inscrites à jamais dans les annales de l’histoire criminelle canadienne.

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