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Les hommes violents peuvent-ils guérir?

Peut-on guérir de la violence? Lorsqu’on choisit la violence comme solution, met-on le pied dans un piège duquel il sera difficile, voire impossible de sortir? C’est une question à laquelle il semble facile de répondre, mais qui, pourtant, reçoit des opinions diamétralement opposées. Les uns pensent que l’on peut se sortir de la violence, les autres que la nature violente finira par rattraper l’homme se servant de la violence pour parvenir à ses fins. Pourtant, ceux qui croient que la violence est une fatalité ont tort, et ce, même si le changement peut être long et difficile.

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Les formes de violence

Lorsqu’on pense à la violence, l’image du coup de poing sur la gueule vient rapidement en tête. C’est non seulement la forme de violence classique, mais aussi celle qui est la moins contestable. Si vous avez devant vous une femme avec un œil au beurre noir, la lèvre supérieure enflée et plusieurs ecchymoses au visage, et qui vous dit qu’elle a été frappée par son mari, vous ne remettrez probablement pas en question la violence qu’elle a subie. Pourtant, si elle est la plus évidente, la violence physique est loin d’être la seule forme de violence que quelqu’un peut vivre.

En effet, à la violence physique, vous pouvez ajouter la violence sexuelle comme autre forme de violence que peu de gens contestent. Le viol, les attouchements non désirés, le fait de forcer quelqu’un à commettre des gestes de nature sexuelle sont des exemples de violence qui, encore là, font généralement du sens dans la société lorsqu’on parle de violence endurée par quelqu’un.

Puis, vous avez la violence psychologique et la violence économique qui ne sont pas aussi frappantes ni criantes de douleur que les deux autres formes de violence susmentionnées. La violence psychologique, ce sont les injures, le manque de respect, les blâmes et le contrôle exercé par l’autre. C’est aussi la manipulation créant chez la personne victime une prison dans laquelle elle se sent coincée. Au-delà des « grosse vache », « maudite chienne » et « salope », la violence psychologique prend aussi la forme des blâmes et de la manipulation comme : « si tu ne fais pas ça, je vais me suicider » ou « si tu continues comme ça, je vais partir et tu vas te retrouver toute seule ». C’est une violence cruelle, vicieuse et pernicieuse qui fait énormément de dommages invisibles. Je n’exagère pas en disant que si la violence psychologique pouvait être matérialisée, vous verriez probablement une victime ensanglantée et au corps cicatrisé.

Vous avez finalement la violence économique, celle que l’on connaît le moins et qui n’en demeure pas moins destructrice. La violence économique prend, encore une fois, la forme d’un contrôle sur l’autre par rapport à ses biens. Ce peut être le conjoint qui prend toutes les payes de sa femme et qui contrôle absolument tous les avoirs du couple, le mari qui empêche sa femme d’acheter quoi que ce soit même avec son argent ou encore celui qui donne à sa femme des allocations par mois en fonction du salaire entrant, sans que lui ne se limite à une quelconque forme de contrôle.

Voilà les principales formes de violence que l’on retrouve et qui sont intimement liées les unes aux autres. La violence économique peut très bien mener à la violence psychologique qui, au fil du temps, mène à la violence physique. Ou bien la violence sexuelle peut se transformer en violence psychologique puis en violence physique avant de terminer en un contrôle total du conjoint par rapport aux finances du couple. Bien souvent, une forme de violence en cache une autre, plongeant la victime au cœur d’un enfer dont on peut difficilement mesurer l’ampleur.

Pourquoi utiliser la violence?

Pourquoi quelqu’un en vient-il à utiliser la violence, quelle qu’elle soit, pour arriver à ses fins? Des explications à cette question, il y en a des tonnes et on continuera à en apporter puisque la recherche sur les comportements violents se poursuivra dans le futur, probablement aussi longtemps que l’humanité existera. Or, je vous fais part de trois explications pouvant amener quelques réponses à cette interrogation.

Premièrement, la violence est synonyme d’un désir de contrôle. Il s’agit d’ailleurs de l’un des critères pour distinguer la violence conjugale des chicanes de couple. Lorsque quelqu’un utilise la violence, il veut démontrer sa supériorité pour dominer l’autre et parvenir à ses fins. Interrogez quelqu’un ayant battu sa femme et il vous dira probablement qu’il a posé ces gestes parce qu’elle n’écoutait pas ou parce qu’elle n’a pas fait ce qu’il attendait d’elle. Cela signifie en fait qu’il a démontré sa supériorité physique pour se faire respecter ou encore parce qu’il a senti qu’on lui désobéissait.

Deuxièmement, l’homme violent va recourir à la violence afin de pallier certains manques, souvent de façon inconsciente. L’homme qui contrôle et qui exerce une telle pression sur sa femme pour qu’elle demeure à ses côtés est, dans bien des cas, un homme qui craint l’abandon. Plus souvent qu’autrement, j’ai été amené à constater durant ma carrière que les hommes violents sont des hommes qui ont été abandonnés dans leur passé ou bien qui ont eux-mêmes été maltraités. Ils ont souffert d’un manque d’amour ou d’attention, de sorte que lorsqu’une personne leur donne des marques d’amour, ils font tout pour qu’elle ne les quitte pas. Lorsqu’ils sentent que la personne en question est plus distante ou plus indépendante, ils interprètent cela comme un autre signe d’abandon et cela réveille en eux de vieilles blessures. Résultat : ils useront du seul moyen qu’ils connaissent pour les garder auprès d'eux et faire en sorte que leur conjointe ne les quitte pas, quitte à ce que s’amorce un cycle de terreur.

Troisièmement, dans les cas de violence conjugale impliquant des conjoints de sexe différent, l’homme violent peut aussi l’être parce qu’il a en aversion les femmes. Ce peut être un homme ayant été rejeté par sa mère, ridiculisé à l’école par des filles ou bien ayant été humilié par rapport à une demoiselle avec qui il a tenté de partager la vie intime dans sa jeunesse. Tout cela fait en sorte qu’il a développé une aversion pour la femme en général. Cette haine n’est pas toujours consciente et il faut parfois aider l’homme à tisser des liens entre ses meurtrissures du passé et ses comportements violents actuels. Il arrive qu’un homme prenne conscience de la violence qu’il manifeste en regardant comment des femmes ont pu lui être nuisibles dans le passé.

Le long et difficile chemin du changement

Maintenant que nous en savons un peu plus sur la violence, revenons à la question de départ : un homme violent peut-il changer? La réponse est simple : oui. Or, le processus pour changer des comportements violents n’est pas aussi facile et est loin d’être aussi expéditif que la réponse positive que je viens de vous donner. Amorcer un processus de changement est fastidieux et plus la période de temps pendant laquelle une personne a affiché des comportements violents est longue, plus le processus de changement sera ardu.

Demander à un alcoolique de devenir abstinent du jour au lendemain et de ne pas rechuter, c’est quasi mission impossible. Même chose avec un cocaïnomane ou un adepte d’une autre drogue dure. Dans le cas d’un homme violent, le portrait est similaire. On souhaite que la violence s’arrête d’un claquement de doigts, mais on ne peut demander cela à quelqu’un habitué à être violent dans son quotidien. C’est un processus difficile, semé d’embûches et où la rechute est présente. Comme un alcoolique avec la bouteille, on doit trouver avec la personne violente des moyens autres pour répondre à ses besoins.

En 1982, les chercheurs James Prochaska et Carlo DiClemente ont élaboré le schéma du cycle du changement. Ce travail est devenu un classique dans la sphère des études sociales puisqu’il représente les étapes qu’une personne doit franchir pour changer. Comme vous êtes à même de le constater, la personne doit passer par plusieurs étapes, ce qui signifie beaucoup de travail sur soi-même et d’investissement en temps.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas l’étape de recherche de solutions et d’entretien de ces dernières qui est la plus difficile. Les étapes les plus exigeantes sont celles de la pré-contemplation et de la contemplation, soit celles où la personne amorce la reconnaissance du problème et reconnaît qu’elle a un problème. Elles sont difficiles parce qu’elles impliquent que la personne se regarde dans le miroir et s’avoue qu’elle est responsable des actes qu’elle commet. Elles sont aussi difficiles parce qu’elles signifient que la personne cesse de blâmer les autres pour ses agissements et qu’elle arrête de justifier ses actions parce que les autres la poussent à être, par exemple, violente.

C’est un énorme acte d’humilité et cela prend beaucoup de courage pour y parvenir. C’est souvent à ce moment que la personne craque et qu’elle se perçoit comme elle est. Mais c’est aussi à ce moment, quand elle se responsabilise et qu’elle se prend réellement en main, que la personne entrevoit des solutions et qu’elle commence à s’accepter comme elle est. De plus, c’est à partir de ce moment que la personne peut peser les bons et mauvais côtés de sa vie et qu’elle peut mettre en place des moyens pour amoindrir les éléments de son existence qui ne tournent pas très bien. Si l’exercice est difficile et que l'individu entrevoit de prime abord la reconnaissance d’une difficulté comme un échec, c’est à partir de cet instant que l’on peut mettre en place des actions qui paveront la voie vers un meilleur futur.

Des ressources pour vous aider

Comme je viens de vous le dire, amorcer un changement n’est pas facile et le faire seul est encore plus difficile. Il existe des organismes venant en aide aux hommes violents par l’entremise de suivis individuels, d’ateliers ou de séances de groupes et qui peuvent faire du bien puisque les hommes participants se reconnaissent à travers les récits d’autres hommes. De plus, ceux-ci partagent entre eux des solutions qui peuvent les aider. Pour cela, voici quelques ressources dont je vous invite à tirer profit :

Option

Pro-Gam

Service d'aide aux conjoints (SAC)

À coeur d'hommes

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