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Phrases enfantines : Non, elles ne sont pas toutes « cutes »!

Il est 19 h 35, je suis zen! Confortablement assis dans mon salon, j’écoute Pierre Bruneau en boucle pour une quatrième fois d’affilée me livrer les nouvelles de cette journée d’été. Tout en zieutant Facebook d’un œil seulement et en fredonnant le plus récent succès des Kongos, je bonifie cette quiétude profonde par un excellent café du Kenya. Café qui aura brusquement un goût amer en bouche quand, du haut de ses cinq-ans-presque-six-dans-dix-jours, ma fille me lance dans un élan sincère une seule phrase qui me fera sortir de ma phase Bouddha...

« Ce n’est pas ça, papa, les paroles… c’est Woah! Cong gi me gong! »

Il n’y a pas à dire, elle sait pertinemment comment me faire sortir de mes gonds. Elle n’est pas très grande ni très forte, mais d’une intelligence sournoise. Elle sait comment venir me chercher et me faire oublier rapidement que ma vie aux apparences du film Bienvenue à Pleasantville n’est qu’illusion :

« Pardon? Tu es bilingue toi? Rappelle-moi t’as quel âge déjà? Ah oui, cinq ans! La chanson s’appelle COME WITH ME NOW… je les connais les paroles! »

Quand elle joue à la « je-sais-tout », à « laisse-faire-je-suis-capable » ou encore à « je-vais-te-faire-de-l’attitude-surtout-devant-le-monde », il n’y a rien à faire. Pour dédramatiser, j’assume le fait qu’elle est en quête de reconnaissance et qu’elle teste les limites. Pour m’aider dans mon évolution (logique) de père, j’ai décidé de me prémunir d’un système de défense et j’ai répertorié quelques phrases que je ne suis plus capable d’entendre :

 1. « Papa! Papa! Papa! » (À répétition jusqu’à que syncope s’ensuive.)

J’ai compris, merci de me rappeler que je suis ton père! Sache que si je ne te réponds pas tout de suite, c’est que je suis occupé, que je participe à une autre discussion ou que je suis simplement dans l’impossibilité de te répondre maintenant. Un « papa » à la minute suffit et je jure que je te répondrai dans un délai raisonnable. Ce moment d’attente est bien involontaire de ma part, merci de bien vouloir patienter.

2. « J’ai faim! »

Je n’avais pas remarqué qu’en devenant parent, nous nous transformions en un restaurant ouvert 24 heures sur 24. Bravo! Tu es maintenant considérée comme une personne normale. Avoir faim reste un besoin primaire. Je suis content que tu le signales, mais depuis maintenant un peu plus de cinq ans, nous avons la même routine. Trois repas par jour incluant un déjeuner, un dîner et un souper. Si tu as faim, je suis capable de satisfaire ton besoin aux heures prescrites par l’horaire familial. En dehors des heures d’ouverture, peux-tu faire une demande officielle de collation incluant la formule de politesse d’usage? Merci!

3. « Veux-tu papa? Maman… toi? »

Si je dis non, c’est qu’il y a une bonne raison. Rien ne sert de courir pour demander à ta mère si elle, elle accepte ton urgente demande (que nous appelons, dans le milieu parental, un caprice). En bout de ligne, sur l’éducation, nous tentons d’avoir la même ligne directrice. Donc, si je dis non, ta mère dira aussi NON. Point final!

4. « Papa, je veux ça! Ah! oui, ça aussi! »… Je ne suis pas un guichet automatique chérie!

Même si j’aspire à te faire comprendre que ce genre de propos laisse présager que tu es une princesse gâtée, sache que tu n’as pas besoin d’autant de choses pour être heureuse. Lorsque je t’offre quelque chose et que tu acceptes avec reconnaissance sans faire de commentaire, je suis encore plus heureux de te l’offrir. Mon niveau de bonheur est à son paroxysme et j’ai même envie de recommencer à t’acheter tout ce dont tu rêves plus souvent. Quand tu me donnes l’impression de ne pas être pleinement satisfaite en demandant un deuxième ou un troisième objet, cela me met dans un état de frustration intense!

5. « Bah, pas grave, je vais le payer, j’en ai des sous moi. »

À quel âge comprend-on qu’une pièce de monnaie n’égale pas nécessairement 1 $ et que 15 $ dans un cochon ne suffisent pas pour s’autoproclamer riche? Je me console en me disant que j’aurai toujours le pouvoir de lui péter sa bulle, soit en lui disant la vérité sur la fée des dents, soit en lui faisant déposer elle-même ses 80 $ au guichet. Fou rire garanti.

Ce qui me réconforte dans tout ça, c’est que j’ai une fille vive d’esprit, avec du caractère. Quand je sens la vapeur me monter aux oreilles, je pense à cette toute petite fois au souper où elle m’a dit :

« Aujourd’hui à l’école, Alexis était en Viking. 

– Ah! oui, je ne savais pas que c’était une journée déguisée…

– Non, il n’était pas déguisé, il s’est cassé la jambe. C’est pour ça qu’il marche avec des Viking. »

Et je m’y accroche en souriant, replongeant dans mon état de quiétude, prenant de nouveau une gorgée de mon café du Kenya qui retrouve subito presto son goût de torréfaction velouté. 

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