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L’horreur des drames familiaux

En l'espace d'à peine deux semaines, le Québec fut secoué par deux autres drames familiaux. Dans le premier cas, un père de famille a d'abord tué un avocat ainsi qu'une notaire avant d'enlever la vie de ses deux garçons et de retourner son arme contre lui. Puis, plus récemment, un homme a assassiné son bambin d'à peine 10 mois avant de se suicider.

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Nous entendons malheureusement parler de tels drames familiaux à chaque année. Certains sont plus percutants que d'autres (il suffit de penser à Guy Turcotte), mais chacun d'entre eux laisse de profondes cicatrices pour ceux survivant aux victimes. Imaginez devoir composer avec un deuil traumatique survenant d'une seconde à l'autre, vous désorientant complètement et changeant à tout jamais la façon dont vous voyez la vie. Juste le penser est insupportable. À cela, il faut souvent ajouter des batailles de longue haleine pour recevoir des indemnités de l'IVAC, trop peu de proches de personnes assassinées étant reconnues comme des victimes à part entière encore aujourd'hui.

Mais est-ce parce qu'on entend plus parler que jamais des drames familiaux qu'il y en a plus qu'avant ? C'est une bonne question, mais la réponse est probablement négative. En fait, ce n'est pas parce qu'on parle plus d'un phénomène que ce dernier est pire qu'avant. Lorsque les médias s'intéressent à un sujet particulier et qu'ils rapportent plus de cas pour l'illustrer, ils ne font que soulever davantage d'exemples. Bien souvent, on croit qu'il y en a davantage alors que les médias gonflent cette impression en portant à l'attention du public plus de cas. Ainsi, il est tout à fait possible que le nombre de drames familiaux rapportés se maintienne dans le temps, mais qu'on a l'impression qu'il augmente parce qu'on en parle plus.

Or, c'est justement le fait d'en parler plus qui me questionne. Loin de moi l'idée de vouloir taire cette triste réalité, mais je crains que le fait de médiatiser avec autant d'acharnement chaque drame familial n'entraîne un effet de contamination. Si, comme je l'ai dit, il est possible que le nombre de drames familiaux se maintienne dans le temps, je n'exclus pas du tout l'hypothèse voulant que certains meurtriers aient pu être influencés en voyant la médiatisation de divers cas. Est-ce donc possible qu'il y ait une hausse du nombre de drames familiaux parce qu'on en parle plus ? Absolument et c'est ce qui me questionne lorsque je vois des médias rapporter le moindre détail de chaque drame de ce type.

Reste maintenant la question que vous vous posez probablement: pourquoi des gens en viennent-ils à tuer des membres de leur propre famille ? C'est troublant de se poser cette question parce qu'on a peine à imaginer que nous pourrions faire un tel mal à ceux que nous aimons. Pourtant, plongez-vous dans la tête d'une personne n'ayant plus d'espoir et un mal de vivre brûlant et vous verrez que la réponse n'est pas difficile à trouver.

En fait, comme je l'ai indiqué dans plusieurs de mes chroniques antérieures, la plupart des drames conjugaux s'expliquent par la transposition de la souffrance du meurtrier vers ses proches. Bien souvent, la personne qui tue sa famille a un tel mal de vivre et est si désabusée de la vie en société qu'elle en vient à la certitude qu'il vaut mieux mourir. Or, dans sa tête, mieux vaut aussi épargner ces souffrances aux personnes qui lui sont chères. Ainsi, par une conviction profonde qu'elle fait un geste d'amour, la personne assassinant ses proches les sauve de toutes les souffrances existentielles qu'elle a dû traverser. Est-ce un geste égoïste ? On peut l'interpréter comme tel, mais dans l'esprit de personnes à l'état mental extrêmement fragilisé et voyant la vie comme une route parsemé de cailloux coupant comme des rasoirs, c'est plutôt un geste altruiste qu'elles commettent.

En somme, les drames familiaux choquent parce qu'on a de la difficulté à les comprendre. On ne peut (et c'est normal) penser qu'on pourrait tuer ceux qu'on aime plus que tout au monde même si on est malheureux. Or, même s'ils sont révoltants, ces drames laissent des plaies ouvertes qui peuvent mettre beaucoup de temps à cicatriser, voire même demeurer à vif pour le restant des jours de ceux survivant aux victimes. Ne serait-ce que pour cela, il est important d'être conscientisé par rapport à l'horreur de ces crimes sans pour autant s'acharner pour en connaître les moindres détails.

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