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Dossier criminel: Le massacre de la secte de Jonestown

Le phénomène des sectes m'intéresse depuis très longtemps. Oui, en regardant plusieurs de ces organisations, il y a de quoi être troublé, voire même horrifié, mais leur fonctionnement me fascine (d'un strict point de vue analytique, on s'entend). Récemment, j'ai pris connaissance de la secte s'étant fait connaître sous le nom de « Temple du Peuple » et qui fut à l'origine de l'un des pires massacres de l'histoire reliés à une telle organisation. Voici ce qui s'est passé.

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Jim Jones, le gourou

Avant de plonger dans le « Temple du Peuple », il est judicieux de faire un bref survol de la vie de son gourou, Jim Jones. Né le 13 mai 1931, le petit Jones s'intéresse rapidement à la religion. Dès la fin de ses études, il songe à fonder sa propre Église, qui se matérialisera sous la forme des « Ailes de la Délivrance » avant de changer pour le « Temple du Peuple ».

Jones établit son Église aux États-Unis et devient très vite populaire, au point d'avoir l'appui de la première dame de l'époque, Rosalynn Carter. Luttant pour l'égalité raciale, Jones adopte des enfants de différentes races afin de former sa « famille arc-en-ciel ». Jones établit aussi les bases politiques de son mouvement, qu'il qualifie de « socialisme apostolique ».

Durant les années '70, Jones déménage son Église à Redwood Valley, en Californie. Selon le gourou (il sera d'ailleurs l'un des premiers de l'histoire religieuse moderne à être qualifié ainsi), cette région était l'une des seules qui pourraient échapper à un éventuel holocauste nucléaire. Conscient de son influence et de son charisme, le gourou adopte de plus en plus de comportements narcissiques et mégalomanes. En outre, il se fait appeler « Père » par ses disciples et commence à affirmer qu'il est la réincarnation de Jésus, Akhénaton, Bouddha ou Lénine. Malgré tout, Jones demeure très respecté en raison des oeuvres de bienfaisance de son Église de même que de sa tolérance face aux communautés culturelles.

La fuite vers l'Afrique et les premiers meurtres

L'été 1977 marque un tournant important dans l'histoire du Temple du Peuple. En effet, ayant subi un premier contrôle fiscal, le groupe déménage subitement au Guyana, en Afrique, afin de créer une communauté agricole au beau milieu de la jungle. Jones baptise le village Jonestown en son propre honneur et établit les règles de son village sur les bases du socialisme. Or, même si son influence demeure grande, elle diminue graduellement, surtout en raison de sa consommation élevée de drogue.

En novembre 1978, le politicien Leo Ryan est envoyé afin d'enquêter sur la secte. D'anciens membres ont rapporté que les conditions de vie des disciples de Jones enfreignent potentiellement les droits de l'homme et que le village serait géré comme un camp disciplinaire. Accompagné de reporters de NBC et du Times ainsi que d'un caméraman, Ryan parvient jusqu'au village afin de démontrer ce qui s'y passe, mais n'en ressortira pas vivant.

En effet, passant trois jours à questionner des villageois, Ryan crée malgré lui une dissension chez les adeptes de Jones. Le 18 novembre 1978, Ryan est agressé au couteau par un membre de la secte, provoquant son départ de la région. Une quinzaine de disciples désirant quitter le groupe tentent également de fuir par l'avion dans lequel Ryan et les reporters ont pu prendre place, mais un camion bondé des villageois fidèles à Jones les intercepte et les assassine.

Suicide collectif ? Pas tout à fait.

Durant la même journée de 1978 se produira l'un des plus grands massacres orchestrés par une secte à ce jour. Ainsi, 909 membres du Temple meurent dans ce qui a les apparences d'un suicide collectif. Parmi eux, 304 enfants sont répertoriés. Lorsque les autorités arrivent sur place, des centaines de cadavres sont dans un état de putréfaction si avancé qu'on ne peut les identifier. Plusieurs corps ne sont également pas réclamés. Quant à Jones, il est retrouvé avec une balle dans la tête. On ignore encore aujourd'hui s'il s'est suicidé ou s'il a demandé à l'un de ses disciples de l'assassiner.

Or, plusieurs controverses quant à ce massacre de masse ont émergé à la suite des découvertes des corps. Ainsi, on pense que contrairement à la thèse du suicide collectif, il se pourrait que plusieurs meurtres aient été commis puisque tous les membres n'auraient pas accepté de se suicider. Si on accepte qu'une majorité de disciples aient été empoisonnés à l'aide d'un mélange de jus de raisin, de cyanure et de somnifères, le fait que des victimes aient été abattues à l'aide de fusils ou de flèches laisse croire que les suicides ont été accompagnés de meurtres.

Le FBI a également produit un enregistrement de 45 minutes dans lequel on entend Jones s'adresser aux membres de sa communauté. Ce message prétend que les négociations entamées entre Jones et l'Union soviétique pour héberger les membres du Temple étaient rompues suite au meurtre de Ryan. Selon Jones, des soldats seraient parachutés sur le village pour tuer les enfants et torturer les vieillards. Devant cette perspective, Jones affirma qu'il fallait « commettre un suicide révolutionnaire en buvant un mélange de cyanide et de somnifères ». Alors qu'on entend des membres protester et pleurer sur la bande sonore, Jones y va de la déclaration suivante: « Arrêtez cette hystérie, ce n'est pas ainsi que les socialistes et communistes meurent. Nous devons mourir avec dignité. N'ayez pas peur de mourir, la mort est juste le passage vers un autre plan, la mort est une amie. Nous commettons un acte de suicide révolutionnaire en protestation contre les conditions de ce monde inhumain ».

Ceci dit, des adeptes ayant pu s'échapper ont donné des détails sur le déroulement de ce massacre. Selon eux, les enfants ont été empoisonnés les premiers et on demandait aux membres d'une même famille de s'étendre l'un à côté de l'autre. Ils mentionnèrent aussi que le suicide collectif avait été « répété » à de nombreuses reprises lors de cérémonies que Jones appelait « nuits blanches ».

Pour en savoir plus

Si vous désirez en apprendre davantage ou vous imaginer un peu plus l'horreur de ce massacre, plusieurs films sur Jonestown ont été produits depuis les années '80. En 2013, le film The Sacrament fut projeté et, sans spécifiquement nommer Jones ou Jonestown, il est fortement inspiré des événements s'étant déroulés en Afrique. On y voit un gourou développer un village soi-disant paradisiaque du nom d'Eden Parrish qui deviendra l'hôte d'un suicide collectif et de meurtres gratuits. Disponible notamment sur Netflix, le long métrage est intéressant, mais est truffé de scènes violentes et difficiles à regarder (dont les meurtres d'enfants). En plus, vous voudrez tuer vous-même le gourou en le voyant pousser ses adeptes au suicide. Âmes sensibles s'abstenir !

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L'Ordre du Temple Solaire : Les massacres et controverses d'un ordre chevaleresque

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