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Le mystérieux meurtre du juge Renaud

Même s’ils condamnent les criminels, il est rare que des juges soient des victimes en raison des fonctions qu’ils occupent. Les assassinats de juges sont encore plus rares, même si l’histoire en compte quelques-uns. Parmi eux se trouve celui de François Renaud, magistrat ayant tragiquement perdu la vie et dont le meurtre demeure toujours un grand point d’interrogation.

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Descendant d’une grande lignée

La lignée des Renaud est plus que prestigieuse. En effet, on compte plusieurs médecins parmi les ancêtres de François Renaud, dont un qui fut le médecin personnel du roi Louis XV. Néanmoins, le jeune François se distance de la médecine afin d’orienter ses études vers le droit. Obtenant son diplôme de justice de paix coloniale en 1956, il devient juge suppléant dans les colonies en Côte d’Ivoire, au Niger, au Mali puis en Haute-Volta.

Renaud revient en France en 1966, plus précisément à Lyon. À la fin de l’année 1972, il devient le premier juge d’instruction du palais de justice de Lyon. Dès lors, son apparat et son attitude lui valent le surnom de « Shériff ». En effet, Renaud n’est pas tendre envers les criminels et n’hésite pas à utiliser un langage direct et cru lorsqu’il s’adresse à eux. En huit ans de pratique, il traitera 1 500 affaires de droit commun, dont plusieurs crimes reliés à des gangs.

Un juge controversé

Ses manières lui valent plusieurs critiques. On lui reproche d’être beaucoup trop direct dans ses discours. De plus, la magistrature voit d’un mauvais œil son implication à titre de fondateur du Syndicat de la magistrature. Enfin, Renaud aime les femmes et est souvent vu dans des boîtes de nuit à flirter avec la gente féminine. Pas très jolie comme image pour un juge !

Le style du juge ne lui vaut pas que des reproches. En effet, il reçoit plusieurs menaces de mort. En 1973, des détenus se rendent sur le toit de la prison Saint-Paul et scandent : « Renaud, salaud, on aura ta peau ! » L’avocat de la défense Joannés Ambre va jusqu’à le défier au niveau de son interprétation de la loi. Pire, il l’accuse de jouer avec la liberté des femmes et maîtresses de criminels et de manipuler les permis de visites aux prisonniers pour accentuer la tension chez ces derniers.

Le massacre du juge

Le 3 juillet 1975, quelques mois après la publication d’un tract dénonçant violemment ses agissements, le juge Renaud et sa conjointe reviennent d’une fête entre amis. Remontant à pied la colline menant au domicile du juge, le couple est accosté par une Audi 80 GL volée. À son bord : trois individus cagoulés.

Rapidement, le juge voit deux armes être pointées dans sa direction et prend la fuite. Or, plusieurs coups de feu sont tirés et le magistrat est atteint dans le dos. Malgré cela, les amants parviennent à franchir une cinquantaine de mètres avant que le conducteur de la Audi ne les coince avec le véhicule. Un des tireurs descend de celui-ci et tire deux balles en direction de Renaud, une dans le cou et l’autre dans la nuque. Puis, il frappe le juge d’un coup de pied aux reins et tire trois autres balles dans sa tête.

Survivant à l’attaque, sa conjointe se précipite chez lui et avertit son fils. Les autorités débarquent sur les lieux, mais le juge ne pourra être sauvé. Il pousse son dernier souffle à 3h30 du matin alors qu’il est en direction de l’hôpital.

François Renaud devient le premier juge à être tué en France depuis l’Occupation nazie de la Deuxième Guerre mondiale.

Un meurtre qui sera un mystère à jamais

Lors des funérailles, le nouveau préfet de police de Lyon, Roger Chaix, affirme que les tueurs auraient été identifiés, mais que les preuves amassées ne pourraient les traduire en justice. L’un des fils de Renaud a également avancé que la pègre serait à l’origine de l’assassinat. Selon lui, le caïd Jean Schnaebelé aurait commandé le meurtre et Jean-Pierre Marin, Michel Lamouret ainsi que Robert Alfani l’auraient exécuté.

Malheureusement, après 17 ans d’enquête, jamais on n’a pu formellement accuser un individu en lien avec cet homicide. Le 17 septembre 1992, le juge Georges Fenech signe l’arrêt des procédures, qui sera officiellement prononcée en 2004. La tombe du juge, située dans une concession familiale au cimetière du Père-Lachaise, a été vandalisée en 2007.

Le meurtre de François Renaud restera donc un mystère, mais l’un de ses fils avait peut-être vu juste quant à l’identité de ses auteurs. En effet, en 2008, le criminel Louis Guillaud se suicide. Il affirme dans une confession dactylographiée post-mortem qu’il a fait partie du groupe ayant assassiné le juge Renaud. Il y confirme aussi que Jean-Pierre Marin fut le principal auteur du meurtre.

Malheureusement, ce ne fut et ne sera jamais confirmé. L’assassinat du juge François Renaud demeure et demeurera une grande tache noire dans le système judiciaire français.

 

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