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Mystère criminel: Le meurtre de soeur Catherine Cesnik

« Making a Murderer » a provoqué tout un tollé après sa diffusion sur Netflix. Or, les productrices de cette série n’ont pas voulu faire du cas de Steven Avery une histoire isolée. En effet, plus récemment, elles se sont penchées sur le sordide meurtre de sœur Catherine Cesnik, une jeune nonne très appréciée dont l’homicide n’a jamais été résolu. Voici ce qui s’est passé...

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Une sœur transpirant la joie

Catherine Anne Cesnik naît le 17 novembre 1942 à Lawrenceville, une ville voisine de Pittsburgh. Aînée d’une famille de quatre enfants, Cesnik fréquente des écoles catholiques de son patelin et s’avère être une excellente élève. En outre, elle obtient les meilleures notes aux examens de son école secondaire et devient même présidente du conseil étudiant.

Pieuse et ayant naturellement le don de la pédagogie, Cesnik décide de devenir une nonne et désire transmettre son savoir en devenant professeure. À l’âge de 26 ans, elle est engagée comme tutrice à la Western High School de Baltimore, une école uniquement constitué de filles. Elle est rapidement appréciée par ses collègues tout comme de ses élèves. Cesnik est décrite comme une femme rayonnant de joie, toujours à l’écoute des autres et enseignant magnifiquement bien l’anglais ainsi que le théâtre.

La vie de Cesnik est empreinte de bonheur jusqu’en 1969 alors qu’un drame viendra mettre un terme à son existence.

Une mystérieuse disparition

Vers la fin de l’après-midi du 7 novembre 1969, sœur Catherine Cesnik quitte l’appartement qu’elle partage avec sœur Helen Russell Phillips dans l’ouest de Baltimore. Sœur Phillips n’est pas surprise de la voir quitter puisque sœur Cesnik a l’habitude d’aller faire quelques courses après le souper. Cesnik avise tout de même sa colocataire qu’elle va simplement acheter un cadeau au centre commercial du coin pour les fiançailles de sa sœur et qu’elle reviendra par la suite.

Les heures passent et sœur Cesnik ne donne aucun signe de vie. Sœur Phillips s’inquiète puisque ce n’est pas dans les habitudes de son amie de revenir aussi tard. Vers trois heures du matin, n’en pouvant plus et ne sachant que faire, sœur Phillips contacte les révérends Peter McKeow et Gerard J. Koob. Ensemble, ils décident de patienter pour le retour de sœur Cesnik en priant.

Au matin, le révérend Koob décide que c’en est assez. Il contacte les policiers pour rapporter la disparition et des enquêteurs sont rapidement dépêchés sur les lieux. De nombreux éléments fort étranges attirent leur attention, bien qu’aucune trace de la jeune femme ne soit visible.

Ainsi, les enquêteurs découvriront que le soir de sa disparition, sœur Cesnik a encaissé un chèque à la First National Bank de Catonsville. Puis, le révérend Koob leur dira qu’en arrivant à l’appartement de la nonne, lui et le père McKeow ont trouvé sa voiture stationnée illégalement à côté de son immeuble. Le plus troublant est que les clés étaient dans le contact du véhicule et que la carrosserie était enduite de boue. Qui plus est, de petits pains ont été retrouvés sur la banquette avant de l’automobile. En interrogeant des voisins, plusieurs ont rapporté avoir vu la voiture avec Cesnik à l’intérieur vers 20 :30 et d’autres avoir repéré le véhicule garé illégalement vers 22 :30. Une jeune fille a aussi indiqué aux enquêteurs avoir entendu, en début de soirée, un cri de femme qui semblait provenir de l’immeuble où habitait sœur Cesnik. Que s’est-il passé durant ces deux heures ? Nul ne le sait… et ne le saura peut-être jamais.

Les policiers et des bénévoles ont beau ratisser le voisinage, sœur Cesnik a bel et bien disparu. Puis, le matin du 3 janvier 1970, la police reçoit un appel d’un chasseur. Ce dernier vient tout juste de retrouver le cadavre d’une femme dans un champ éloigné de Lansdowne, à plusieurs kilomètres de la résidence de la religieuse. Les forces de l’ordre constatent rapidement qu’il s’agit bel et bien du cadavre de Catherine Anne Cesnik. Le corps est remis entre les mains du Dr. Werner Spitz, qui conclut que la mort a été provoquée par une hémorragie cérébrale découlant d’un puissant coup porté à la tempe gauche à l’aide d’un objet contondant. Ce coup a engendré une fracture du crâne qui, elle-même, a provoqué une hémorragie cérébrale.

 

Des abus de prêtres et l’Église au cœur de toute cette affaire ?

Qui a pu assassiner Catherine Anne Cesnik, une sœur appréciée de tous ? Encore en 2017, le mystère reste entier. En effet, des décennies plus tard, le meurtrier n’a toujours pas été identifié et il est probable qu’il ne le sera jamais. Néanmoins, des journalistes et anciennes élèves de Cesnik se sont donné pour mission d’identifier celui ayant commis ce meurtre, ne serait-ce que par respect pour la mémoire de la religieuse. Cette enquête, détaillée dans la série The Keepers, a soulevé des pistes intéressantes quant au rôle de l’Église dans toute cette affaire.

Alors qu’elle était enseignante, sœur Cesnik aurait commencé à recevoir des confessions de la part de certaines élèves à l’effet que deux prêtres de l’établissement d’enseignement s’adonnaient à des agressions sexuelles. En effet, des écolières ont rapporté que deux prêtres, dont le directeur de l’établissement Joseph Maskell, harcelaient, molestaient, abusaient et violaient de jeunes filles dont ils avaient la responsabilité. À en croire certains, Cesnik aurait recueilli des preuves et de nombreux témoignages au sujet des abus des prêtres et s’apprêtait à dévoiler ces derniers au public, ce qui aurait plongé l’Église dans un énorme scandale.

Afin d’appuyer cette théorie, ceux ayant aidé à concevoir la série The Keepers ont découvert que Teresa Lancaster et Jean Wehner ont porté plainte en 1995 pour des abus sexuels qui auraient été perpétrés par le père Maskell. Néanmoins, leur plainte ne fut jamais autorisée. Aux États-Unis, notamment dans les causes d’agressions sexuelles, on ne peut porter plainte après un certain temps puisque cela discrédite la valeur des témoignages. Parce que les abus allégués remontaient aux années ’60 et ’70, la plainte de Lancaster et Wehner fut rejetée du revers de la main.

Néanmoins, un élément intéressant vient du fait que, selon les deux femmes, sœur Cesnik semblait être la seule qui voulait prendre action contre ces abus. Selon elles, sœur Cesnik fut la seule religieuse à leur avoir demandé si les prêtres leur faisaient du mal, les autres religieuses et les autres prêtres étant trop terrorisés par le comportement dictatorial de Maskell pour oser faire quoi que ce soit. Lancaster et Wehner ont rapporté que Cesnik aurait été assassinée quelques jours seulement avant d’avoir une audience auprès de l’archidiocèse de Baltimore, réunion au cours de laquelle elle s’apprêtait vraisemblablement à parler de cette situation. Wehner a également rapporté que Maskell l’aurait accompagnée jusqu’au site où le cadavre de Cesnik fut découvert. Le prêtre lui aurait alors dit : « Tu vois ce qui arrive lorsqu’on parle trop en mal des gens ? »

Par ailleurs, en 2011, plusieurs plaintes furent déposées auprès de l’archidiocèse de Baltimore par des victimes alléguées de Maskell. L’Église a conclu de nombreuses ententes en 2016, que plusieurs jugent d’ailleurs comme étant totalement dérisoires considérant la gravité des crimes reprochés. Néanmoins, pour certains, ces ententes tendent à démontrer que les abus qui auraient été commis par Maskell étaient véridiques.

Question d’élucider cette affaire une fois pour toutes, les autorités de Baltimore demandèrent en 2016 qu’on exhume le cadavre du père Maskell. Le but était de prélever des échantillons d’ADN afin de déterminer si le prêtre avait un lien avec le meurtre de sœur Cesnik. Malheureusement, aucune preuve ne permit d’établir avec certitude que Maskell avait quelque chose à voir avec cet homicide.

Le meurtre de sœur Cesnik fut remis à l’avant-scène en mai 2017 lors de la mise en ligne de la mini-série The Keepers. Cette dernière vise à trouver qui est l’auteur de ce meurtre, mais aussi à dévoiler comment l’Église a tenté de dissimuler des preuves et d’étouffer les abus de Maskell au cours des dernières décennies. On désire aussi lever le voile sur la corruption existant au sein du corps de police de Baltimore et de la puissante pression qu’aurait exercé l’archidiocèse de cette région sur l’enquête pour qu’elle n’aboutisse à rien.

Un mystère pour toujours ?

En résumé, qui a tué sœur Catherine Anne Cesnik ? Nous l’ignorons et il est possible que nous ne le saurons jamais. La série The Keepers nous transporte sur des pistes de réflexions fort intéressantes, mais qui ne demeurent que des suppositions en l’absence de preuves solides. Malheureusement, comme dans tout cas d’homicide, le temps joue contre ceux voulant trouver le ou les responsables de ce meurtre et il se pourrait bien que toutes les pistes pouvant résoudre cette affaire ne seront, comme sœur Cesnik aujourd’hui, qu’un souvenir.

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