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Je suis un homme qui demande de l’aide

Difficile pour un homme de demander de l'aide ? Vous pouvez m'en parler ! En fait, je fais face à une multitude de préjugés et d'attitudes désobligeantes en raison de mon anxiété, et ce depuis ma tendre enfance. De ce fait, je n'ai eu d'autre choix que de faire appel à de l'aide et bon Dieu que ça n'a pas toujours été facile. C'est pourquoi je me permets aujourd'hui de vous écrire un résumé de mon histoire si, vous aussi en tant qu'homme, vous sentez que vous avez besoin d'aide sans parvenir à en faire la demande.

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Le petit garçon qui devait se taire

Je suis ce qu'on appelle un métis, soit quelqu'un n'ayant pas le sang d'une seule race. En effet, vous pouvez le deviner par mon nom, je suis mi-Québécois et mi-Italien. Toute ma vie, ma demie italienne a été prédominante, que ce soit dans mon caractère, ma famille ou encore mon éducation. On m'a rapidement appris que la fierté et le succès passaient en premier lieu par un comportement irréprochable, ensuite par de très bonnes notes à l'école et enfin par un bon emploi qui me permettrait d'avoir du succès matériel. Bref, sois gentil, brillant et riche.

Le problème est que je n'étais pas un garçon comme les autres. D'aussi loin que je me souvienne, j'avais peur des autres. J'angoissais lorsque j'étais en public et, parce que je ne savais pas ce que j'avais, je paniquais deux fois plus. Contrairement à aujourd'hui, j'ignorais que je souffrais d'anxiété généralisée et que je faisais des crises de panique. Du coup, je ne contrôlais pas mes réactions et il m'arrivait souvent d'être physiquement malade. Pauvres parents, ils en ont ramassé, du vomi !

Vous pouvez donc aisément deviner que le portrait du bon petit garçon modèle était, dans mon cas, utopique. Je savais que je décevais ma famille italienne parce que je ne représentais pas ce qu'elle espérait. De plus, parce que mes crises de panique se manifestaient par des symptômes physiques, on voyait que je n'étais pas "normal", ce qui provoquait une autre déception. Pour une partie de ma famille, non seulement il fallait être un modèle de perfection, mais il ne fallait surtout pas démontrer la moindre faiblesse ou que quiconque se rende compte du moindre signe de souffrance. L'apparence, voilà ce qui comptait réellement.

Est-ce nécessaire de vous dire que l'enfant que j'étais souffrait, et ce sans même savoir ce qu'il avait ? Cette souffrance a éventuellement mené à un point culminant appelé la dépression.

La première fois que j'ai demandé de l'aide

Jusqu'à présent, j'ai fait trois dépressions majeures dans ma vie. Perte du sens de la vie, isolement, tremblements, crises d'angoisse, impression de vivre dans une bulle entourée de noir, perte totale de confiance en soi, aucun espoir d'un quelconque futur, idées suicidaires, bref, j'ai eu tous les symptômes possibles d'une dépression.

J'avais 13 ans lorsque j'ai fait ma première dépression majeure. C'est à cette époque que, ne sachant plus quoi faire, mes parents ont demandé de l'aide. Plus le temps avançait, plus je m'enfonçais dans un puits dans lequel j'étais en train de me noyer. L'intimidation que j'ai subie pendant deux ans à l'école secondaire m'a carrément achevé. Je suis devenu dépressif, insomniaque et anorexique. Mes parents tentaient de m'aider, mais rien ne fonctionnait. Et du côté italien, sans surprise, j'ai subi du rejet puisque j'étais devenu une honte.

Mes parents se sont alors tourné vers deux institutions. En premier, ils ont fait appel au CLSC. Parallèlement, parce que je souffrais de multiples phobies, ils ont contacté l'organisme Phobie Zéro. Contre mon gré, je suis allé rencontrer une travailleuse sociale et une psychologue. Autant j'y suis allé de reculons, autant ces rencontres ont changé ma vie. Si je n'avais pas rencontré ces intervenantes à ce moment de ma vie, j'ignore même si je serais en train d'écrire cette chronique présentement.

J'ai rapidement bâti une relation de confiance avec ces intervenantes. Elles m'ont pris en charge et m'ont fait voir la vie autrement. Elles ont respecté mon rythme, m'ont orienté et ont surtout pris le temps de m'écouter. Tout comme un bouchon sur une bouteille de champagne, ça n'a pas été long avant que mes tensions n'explosent et se déversent. J'avais besoin de parler, d'être écouté, d'être orienté, mais dans mon for intérieur, je refusais de le croire. Grâce à ces intervenantes, j'ai vu en quoi demander de l'aide est bénéfique.

Se faire aider: un geste de respect pour soi-même

Vous savez, demander de l'aide n'est pas facile. C'est avouer qu'on ne va pas bien pour x ou y raison, c'est devoir se confier sur des éléments intimes à des inconnus et c'est surtout se confronter à soi-même. Mais c'est encore plus difficile lorsqu'on tombe sur de mauvais intervenants. Dans ma vie, je n'ai pas seulement consulté les deux intervenantes mentionnées ci-haut. Je suis passé par plusieurs autres thérapeutes et spécialistes au cours de différentes phases de ma vie et je peux vous dire que ça ne s'est pas toujours bien passé. Lorsqu'on fait une demande d'aide, il est crucial de tomber sur quelqu'un avec qui on pourra nouer une relation de confiance et envers qui on se sentira à l'aise. Le choix d'un thérapeute est personnel à chacun et, comme je l'ai fait, il est très important de vous respecter et de trouver la bonne personne pour vous aider en n'hésitant pas à changer de professionnel si ça ne fonctionne pas.

Aujourd'hui, plus de 20 ans après ma toute première consultation, je reçois encore de l'aide. Ne vous méprenez pas, je n'ai pas eu du soutien toute ma vie et chaque fois que j'ai dû demander de l'aide, ce fut difficile. À chaque occasion, je me suis demandé si je régressais, si je devrais passer ma vie en consultation, si ça valait la peine de vivre une telle vie, si en tant qu'homme je me ferais juger pour demander du soutien, etc.

Or, à chaque demande d'aide effectuée, je n'ai pu que constater les bienfaits que cela m'apportait. Messieurs qui terminez cette chronique, je sais qu'il y a encore beaucoup de préjugés dans notre société. Je sais que vous ne voulez pas paraître faible. Et je sais que vous craignez de vous faire juger. Néanmoins, ce n'est pas une faiblesse que de s'avouer qu'on a besoin d'un coup de main. En fait, c'est tout le contraire. Il y a de quoi être fier de se tenir debout et de se faire aider plutôt que de se vautrer dans le déni en cachant son malheur.

Si vous vous êtes reconnu dans cette chronique, si vous sentez que vous avez besoin d'une épaule ou d'une oreille, faites-en la demande. Oubliez les mythes machos dignes des années 1900 sur les hommes qui osent se faire aider et dites-vous que si vous refusez de vous faire aider alors que vous en avez besoin, la première personne à qui vous faites du mal, c'est vous et vous seul.

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LA SENSIBILITÉ DES HOMMES

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