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Critique cinéma : « Sarah préfère la course »

« Sarah préfère la course », le nouveau long métrage de la jeune réalisatrice Chloé Robichaud, a fait beaucoup parler de lui à Cannes, où il a été présenté en sélection officielle à « Un Certain Regard ». Le film québécois arrive finalement dans les salles du Québec. Méritait-il cet accueil chaleureux qu'il a reçu outre-Atlantique?

Elle préfère la course
 
Sarah (Sophie Desmarais) est une jeune fille passionnée par la course. Bien plus qu’un passe-temps, c’est pour elle une véritable raison de vivre. Après de bons résultats lors d’une épreuve locale, elle est approchée par le prestigieux club d’athlétisme de l’Université McGill.
 
Malgré la forte opposition de sa mère, Isabelle (Hélène Florent), elle fait le choix de quitter sa région natale pour habiter à Montréal. Ne pouvant compter sur le soutien financier de sa famille, elle décide de faire le voyage avec Antoine (Jean-Sébastien Courchesne), un jeune homme avec qui elle travaillait dans un restaurant.
 
Les deux sont colocataires dans un petit appartement de la métropole. Pour lui permettre d’avoir droit à de généreux prêts et bourses, le jeune homme lui demande de l’épouser. Bien entendu, il ne s’agit que d’un mariage blanc pour permettre de tromper le gouvernement et de toucher plus d’argent. Les deux ne s’aiment pas, du moins, c’est ce qu’ils croient.
 
Une œuvre bouleversante
 
Dès les premières secondes, on comprend que Sarah préfère la course est un film qui prend son temps. Contrairement à Émilie, qui privilégiait l’action, il préfère se concentrer sur l’aspect psychologique de son personnage principal. Il est plus ici question de marathon que de sprint. D’ailleurs, mentionnons que ce long métrage n’en est pas un où le sport, comme compétition, occupe toute la place. La course est ici traitée plus subjectivement. 
 
Ainsi, tout le long du récit, on essaie de cerner cette jeune femme sans jamais vraiment y arriver. Sarah est quelqu’un d’assez froid, qui sourit très peu, parle juste quand c’est nécessaire et ne fait jamais rire.  
 
Mais tout comme Antoine, on ne peut s’empêcher d’éprouver de l’affection pour elle. Il s’agit d’une femme qui a décidé d’orienter toute sa vie dans la course. Elle va passer à côté de choses comme l’amour ou tout simplement l’amusement. Toutefois, on ne sent pas qu’elle fait cela pour se dépasser ni pour récolter les médailles. Elle court parce qu’elle aime ça et, surtout, parce que c’est une chose qu’elle peut, selon elle, contrôler.
 
On sent qu’au fond d’elle, cet engouement maladif pour la course cache quelque chose. Qui sait? Comme une personne souffrant d’un trouble obsessionnel compulsif, peut-être court-elle pour ne pas voir ce qui se cache au plus profond d’elle-même?
 
Il est rare qu’une réalisatrice aille si loin avec un personnage, du moins sur l’aspect psychologique. Paradoxalement, il est intrigant qu’un protagoniste qui semble être si antipathique ne provoque pas en nous des sentiments négatifs. Ça en est troublant.
 
Pour ces raisons, c’est le genre de film que l’on prend plaisir à regarder encore et encore sans jamais se lasser. Chaque écoute promet de nous révéler de nouveaux éléments de la personnalité de Sarah.
 
Une réalisation sobre laissant toute la place aux acteurs
 
Tout au long du récit, on sent que l’équipe technique a voulu laisser une très grande place aux comédiens. Comme au théâtre, la mise en scène est entièrement à leur service. Beaucoup de plans sont longs, si bien qu’il arrive même – je pense notamment à la scène où des personnages ont des rapports sexuels – que l’on ressente un certain malaise ou qu’on ait envie de rire jaune.
 
Évidemment, cela n’aurait pas été rendu possible sans la prestation extraordinaire de Sophie Desmarais, qui joue ici avec une grande maturité. C’est dans la subtilité et la discrétion de son interprétation qu’elle nous a conquis.
 
Les lieux sont présentés de manière intelligente et discrète. La cinéaste a ainsi souvent recours à des gros plans de brique ou de béton. À mon sens, ils remplacent efficacement les plans d’ensemble que l’on voit habituellement.
 
Le film ne fait pas l’erreur d’abuser de musique. Les quelques pièces que l’on peut entendre sont pertinentes, bien choisies et, par-dessus tout, ont un réel impact sur le scénario.
 
Verdict
 
Sarah préfère la course est un film comme il s’en fait peu dans le cinéma québécois. C’est en misant sur une ingénieuse subtilité (dans le jeu, dans la mise en scène et la réalisation) qu’il réussit à émouvoir son public. Ce long métrage nous prouve que les œuvres sans fard sont souvent les plus profondes et les meilleures.
 
Cote : 4 étoiles sur 5

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