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Verizon au Canada : l’arrivée d’un messie?

Les rumeurs selon lesquelles le géant des télécommunications américaines Verizon voudrait faire son entrée au Canada ont fait sourire de nombreux Canadiens qui aimeraient voir leur facture de cellulaire diminuer. Restons calmes, Verizon ne risque pas de changer l'eau en vin…

On entend souvent dire : « Au Québec, on paye plus cher que partout ailleurs pour nos cellulaires! » Ah oui?

Même s’il est vrai que l’offre de service dans différentes régions du monde surpasse l’offre disponible pour un client des télécommunications canadiennes, il ne faut pas oublier de comparer des pommes avec des pommes.

En commençant par la source de biais majeure qui trompe pratiquement tout le monde dans les cellulaires : le financement des appareils. « En Europe, j’ai eu un deal : 500 minutes, 500 messages textes et 500 Mo d’Internet pour 12 euros (16,85 $ CAN!) »

Ah! d’accord… mais vous ont-ils donné un iPhone 5 à 180 $ avec ça? Quel cellulaire vous ont-ils donné avec ça? Aucun? Ah! Vous aviez votre propre cellulaire débloqué. Je vois!

Ce genre de conversation illustre parfaitement le paralogisme qu’engendre le fait de comparer différents services. Tel que mentionné plus tôt, il est vrai que certains services coûtent moins cher ailleurs dans le monde. C’est notamment vrai pour les services prépayés qui offrent des opportunités plus qu’intéressantes aux utilisateurs qui ont déjà leur propre appareil cellulaire et qui ne veulent qu’activer une carte SIM temporairement pour faire fonctionner avec leur appareil. C’est possiblement même vrai pour les services mensuels. Mais est-ce aussi vrai que ce que l’on entend dire?

Si l’on regarde ce que Verizon offre actuellement aux États-Unis, on ne peut pas dire que c’est nécessairement moins cher qu’au Canada. En fait, un client qui veut un téléphone intelligent, par exemple un iPhone 5 16 Go, pourra l’avoir avec un forfait de 80 $ mensuellement, incluant les minutes illimitées aux États-Unis, les messages textes illimités, 500 Mo d’Internet, l’afficheur et la boîte vocale. Le client devra tout de même débourser 199 $ à l’achat pour se le procurer, et ce, sur une entente de deux ans.

Pour ce qui est d’AT&T, le constat est semblable. Un client peut se procurer un iPhone 5 16 Go au coût de 199 $ sur un contrat de deux ans, avec un forfait de base de 59,99 $, qui inclut 450 minutes aux États-Unis, 5000 minutes pour les appels de soir et de fin de semaine (21 h à 6 h), l’afficheur et la boîte vocale ainsi que 300 Mo d’Internet.

Or, il n’y a pas si longtemps, les consommateurs canadiens pouvaient se procurer un service à 60 $ pour avoir des minutes illimitées au Canada, les messages textes illimités, l’afficheur et la boîte vocale ainsi qu’un gigaoctet d’Internet, tout en payant le cellulaire 180 $. Seul hic : sur une entente de trois ans.

Aujourd’hui, la plupart des compagnies canadiennes ont ramené leurs contrats à des termes de 24 mois, ayant quelque peu fait augmenter le prix des appareils et des forfaits. Par contre, ça reste comparable à l’offre américaine… Pour 70 $, on parle de minutes illimitées partout au Canada, messages textes illimités, 250 Mo d’Internet, afficheur et boîte vocale, tandis que l’iPhone 16 Go coûterait 199 $ sur une entente de deux ans. En entreprise, c’est une question de risque…!

Car il faut se le dire, une entreprise ne peut pas faire des miracles lorsqu’elle prend le risque de financer un produit à un client. En fait, lorsque les compagnies de télécommunications se procurent des appareils, c’est en lots. Par exemple, Rogers pourrait décider de commander 200 000 appareils Samsung en vue de vendre les services que la compagnie offre au client par le biais de ces cellulaires. Dans cet exemple, Samsung pourrait décider de vendre ses appareils à un certain montant à Rogers, disons 550 $ l’unité. Par la suite, la compagnie de télécommunications affiche un prix de vente sur l’appareil avec un profit assez minime, par exemple 600 $ pour la vente du cellulaire en soi. Si la compagnie vend ce cellulaire 150 $ sur une entente de deux ans, elle prend le risque de financer au client la somme de 400 $, puisqu’elle a déjà acheté l’appareil.

Il ne faut pas oublier que le client achète principalement le service d’une compagnie de télécommunications, non pas l’appareil. Il est donc difficile de penser qu’une entreprise peut faire des miracles dans ce type de situation.

Reprenons l’exemple de l’iPhone avec un forfait de 70 $ mensuellement. Si l’on calcule un forfait de 70 $ sur une entente de deux ans, c’est 1680 $. Or, l’entreprise vous a financé 500 $ sur la valeur de l’appareil, ce qui revient donc à un coût marginal de 1180 $ sur deux ans… Je serais curieux de comparer ce montant avec d’autres services sur une période de deux ans, par exemple l’entretien d’une automobile…

L’exemple Verizon, vers une compétition accrue?

Dans le dossier Verizon, ce qui retient le plus mon attention, ce sont les politiques et les conditions d’une éventuelle arrivée au Canada. Je ne veux pas défendre mordicus les compagnies de télécommunications canadiennes, mais essayons de regarder la position de Verizon objectivement.

Alors qu’à elle seule, Verizon vaut plus que Bell, Telus et Rogers réunis, le gouvernement semblerait vouloir lui offrir un passe-droit pour l’achat de nouvelles fréquences cellulaires au Canada, tout en lui permettant d’utiliser le réseau déjà établi par les compagnies existantes. Vous n’êtes sûrement pas sans savoir que le Canada est le deuxième plus grand pays dans le monde et que l’établissement d’un réseau cellulaire en sol canadien devient alors drôlement plus coûteux. Tout ça pour viser une population totale représentant légèrement plus que 10 % de celle des ÉtatsUnis. Il pourrait donc s’avérer injuste de donner accès au réseau existant des entreprises canadiennes et très coûteux pour en établir un nouveau.

Et que dire d’emplois canadiens qui seraient délocalisés ou encore abolis? Malgré le fait que le gouvernement veuille faire diminuer la facture de cellulaire des consommateurs canadiens, le dossier Verizon ne risque pas nécessairement d’aider la cause.

N’oublions pas les nombreuses mesures politiques anti-dumping faisant en sorte que les entreprises ne peuvent pas toutes offrir un service à un prix dérisoire afin d’affaiblir la concurrence. Alors des forfaits qui seraient aussi bas que ce que les gens parlent actuellement? Je n’y crois pas! En revanche, je vous l’accorde, il y aura toujours place à une bonification de l’offre de service de la part des compagnies de cellulaires, histoire d’en avoir plus pour notre argent.
 
Les cas présentés dans cet article sont à titre d’exemples seulement et peuvent ne pas représenter les prix ou les politiques actuelles des entreprises mentionnées.

Sources :
www.verizonwireless.com
http://shop.orange.co.uk
http://www.att.com/shop/wireless/services/serviceslist.html

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