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Le camp de base de l’Everest – épisode 4 : de Gokyo à Gorap Shep

Gokyo et ses lacs... On va manquer de superlatifs! C'est la partie la plus sportive du voyage. Le Gokyo Ri et le Chola Pass testent vos aptitudes à la montagne. La nuit, le froid est de la partie et le confort, plutôt de base. C'est le prix à payer pour ces paysages uniques à l'approche du camp de base de l'Everest.

Enfin, Gokyo. Nous allons demeurer au joli Cho Oyu View Lodge. Ce n’est pas croyable comment la fatigue peut disparaître avec de si beaux paysages! Nous avons croisé trois des six lacs de Gokyo, qui seraient les lacs les plus élevés au monde!

Demain, on s’attaque au sommet du Gokyo Ri. Un peu de repos à la chaleur de bouses de yacks avec une vue sur un des lacs de Gokyo. Ce n’est pas la misère quand je regarde un groupe qui monte ses tentes. Nous sommes sur la piste du Cho Oyu, sixième sommet de la planète avec ses 8 201 m. Cho Oyu veut dire (et on le comprend rapidement) « lac turquoise ».  C’est la grande forme ce matin, la nuit ne m’a pas semblé trop longue. Ce matin, on n’est pas trop pressés, car l’unique programme de la journée est de s’attaquer au sommet du Gokyo Peak (Ri), 530 m de positif. À cette altitude, rien n’est comparable; 530 m peut paraître beaucoup plus intense à une autre altitude. Lors de la montée, il faut regarder par derrière, car le paysage de montagnes est fantastique. Ce sera quoi au sommet?? À chaque pas de la montée, même si ce n’est pas facile, j’ai l’assurance de voir encore de plus beaux paysages, alors c’est motivant. Le voici enfin ce sommet, et le ciel est encore bleu. On aurait dû partir plus tôt, car il se couvre rapidement. Il y a cinq montagnes de 8 000 m tout autour  de moi : le mont Everest, le Lhotse, le Makalu, le Kangchenjunga et le Cho Oyu. Je crois que c’est impossible à battre. Cinq sur quatorze!

La descente est aussi belle. La vue du glacier Ngozumpa qui surplombe les douze maisons de Gokyo est presque menaçante. La moraine sert de rempart pour ces quelques maisons. Lors de la descente, j’imagine déjà le temps que prendra la traversée de ce glacier, puisque c’est la route pour le Chola Pass, soit notre étape de demain. Ce glacier serait le plus long de l’Himalaya (32 km), mais avec 1 km de largeur, ça ne prend que 20 min au maximum pour le traverser. La soupe sera bonne ce soir, j’ai faim.

On en est déjà à notre 10e journée de trek. C’est le départ pour Thangna, l’avant-poste du Chola Pass. Ce n’est qu’un arrêt pour la prochaine grosse journée. La piste pour traverser le glacier n’est pas très explicite. Ça bouge constamment un glacier et on doit y aller avec logique. Au milieu du glacier, on a une très belle vue du Cho Oyu. On prend notre temps, car ce trek ne nécessite que quatre heures. Finalement, on aura pris plus d’une heure pour traverser le glacier. À l’approche de Thangna, un hélicoptère survole la vallée à la recherche d’un point d’atterrissage. J’aurais aimé ne pas être témoin de cette scène. L’hélicoptère vient chercher quatre sacs mortuaires. Quatre grimpeurs japonais en acclimatation sur le Pumori ont décroché; ça ne pardonne pas. C’est fini pour eux l’aventure de l’Everest. Au Chola View Lodge de Thangna, c’est le beau soleil, mais je n’ai pas d’appétit et je commence à enfler du visage… un effet de l’altitude?

Tôt le matin, il fait encore noir, mais c’est l’heure de levée pour tout le monde afin d’affronter cette longue journée. Une nuit difficile et pleine de cauchemars. Un tout petit déjeuner (ça va prendre des protéines aujourd’hui), puis c’est la longue montée vers le Chola Pass. Ce passage nous fera changer de vallée afin de rejoindre la voie classique de l’Everest. Les conditions sont parfaites et, sans surprise, il fait toujours beau et froid. Après plus de 2 heures de montée, on arrive à une jonction et deux possibilités s’offrent à nous. Ce n’est pas évident et il n’est pas question d’aller voir puis de revenir puisqu’on doit épargner nos énergies. On prend la décision tous ensemble, car je ne veux pas être celui qui aura fait perdre du temps et surtout de l’énergie aux autres. Ça bouge au sommet d’un col, il y a des gens, c’est donc la bonne route, on est rassurés. Ce sont sûrement les gens qui sont partis à 5 h ce matin. OUF! quelle montée! C’est à s’arracher le cœur et les poumons brûlent. Je me donne comme objectif de faire dix pas et de reprendre mon souffle. Dix pas seulement et je repars, un autre dix pas, puis un autre. Je triche, car souvent, je ne me rends qu’à six pas seulement. Enfin le sommet du col! Je crois n’avoir jamais fourni un tel effort dans toute ma vie.  
               
Cela a quand même bien été, et ce, avec si peu de nourriture dans mon estomac. Je dois attendre 45 minutes avant l’arrivée de mes deux amis. Ah! oui, c’est avec 15 kilos sur le dos, car on n’a pas de porteur ni de guide !! J’en suis très fier de cette montée. J’ai peine à m’imaginer que je suis plus haut que le plus haut sommet de l’Europe (Elbrouz – 5 642 m), de Océanie (Pyramide de Carstensz – 4 884 m) et de l’Antarctique (Mont Vinson – 4 892 m). Ils font tous partie des sept sommets des continents!
                                
Bon, il faut redescendre par le glacier et trouver le refuge de Dzongla. Allez, un petit coup de cœur! On descend. Je n’ai jamais aimé les descentes, mais avec le peu d’oxygène, c’est plus confortable de descendre. De la neige glacée on passe à la neige mouillante, puis sur d’immenses rochers à la moraine. Une belle journée dans un lieu magique. J’aime cette sensation d’être tout petit dans cet espace très grand! Il y a une montagne très particulière, le sundae parfait, il ne manque que la cerise. C’est la faim qui me fait rêver. On ne trouve que deux maisons dans ce coin perdu. Notre petit groupe de cinq, formé à Gokyo, choisit l’une des deux maisons; on ne sera que nous cinq dans ce refuge. L’altitude fait changer la température. La température est déjà sous zéro et le soleil se cache rapidement derrière les montagnes. Il fera « frette » cette nuit! Je mets tout ce que j’ai sur mon sac de couchage. Je comprends le vrai sens de : le repos du guerrier.

Une autre nuit blanche. Je vais m’acheter un sac pour -20 ºC! Puis, la nuit, il faut se lever 3-4 fois pour aller uriner puisqu’on boit 4-5 litres d’eau par jour!! On déjeune au dal bhat (riz aux lentilles) puis, surprise, tout est blanc dehors. Si on avait eu ces mêmes conditions hier pour le Chola Pass : interdiction de partir.

Des poules de l’Himalaya (ou tétraogalles) à près de 5 000 m d’altitude!! Direction Gorap Shep par Lobuche. On s’aligne toujours sur une montagne et on la garde dans sa vue toute la journée. Cette fois, on marche en direction de l’Ama Dablam, la grande dame de l’Himalaya. Puis à gauche, c’est la vallée des titans qui s’ouvre devant nous. Au fond, quelque 8 000 m nous montrent le chemin. J’emprunte maintenant le même chemin que les grands de l’histoire de l’escalade : Malory, Hillary, Messner, Bonington et les autres. Je suis privilégié de vivre cette aventure.  

À Lobuche, arrêt pour le dîner et pour regarder les gens qui passent. Il y a plus de trafic sur la voix classique. Seule la soupe peut entrer ce midi. On marche maintenant en bordure du glacier face à une autre montagne : le Lothse. On prend tout notre temps et on savoure la route. On croise de belles caravanes de yacks. C’est le ravitaillement pour le camp de base de l’Everest. J’aime l’odeur du yack. Ici, il n’y a que des roches sans odeur. On croise un grimpeur soutenu par deux sherpas : il a la figure bleue!! Œdème pulmonaire?? C’est très sérieux la montagne. On doit le descendre rapidement pour sa survie. Ça fait réfléchir et puis, je m’imagine que j’en suis peut être aux premiers symptômes… Mal de tête, pas d’appétit ni de sommeil. Je chasse ces idées noires en voyant les deux maisons. On arrive à Gorap Shep pour le lemon tea. Ce soir, si je veux dormir, je dois trouver des couvertures; mon sac de couchage pour -7 ºC n’est pas suffisant. Aussi, j’aurai ma bouteille à pipi pour ne pas me lever de la nuit. Grosse journée demain, le Kala Pattar. 
      
Voyez la vidéo de cet épisode 4! VIDÉO ÉPISODE 4

À suivre…   

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