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La mort silencieuse

«L'écart entre les justifications données et les raisons véritables est creusé par des omissions, des semi-vérités, des mensonges, des simplifications et chacun sait bien, comme le dit l'adage, que la vérité est la première victime de la guerre.» - Normand Baillargeon

Vous connaissez sans doute cette personne qui par l'instant d'un court moment, avec brio et élégance, vous mène droit à l'éloquence et qui, par ses aptitudes d'illusionniste, vous embrase la magie d'un spectacle inoubliable. Ce moment où par toute immoralité vous servez l'intérêt privé de l'intérêt collectif. Ce même instant où vous livrez votre âme à la logique du mercenaire, et où vous êtes exposé à toutes invasions externes; c'est dès lors ce pouvoir invisible qui s'exerce en vous et l'REPLACEion peu en être fatal…
 
Le 20 avril 2010, la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon de la compagnie britannique BP, dans le golfe du Mexique, explose. Elle laisse derrière elle la plus grande marée noire connue à ce jour par les Etats-Unis. Ce désastre environnemental est considéré aujourd'hui comme étant le deuxième plus important dans le pays après le «Dust Bowl» dans les années 1930. À peine trois mois plus tard, la compagnie canadienne Enbridge est responsable du plus important déversement pétrolier en sol nord-américain, celui de la rivière Kalamazoo dans l'état du Michigan. La compagnie est alors accusée de grandes négligences et d'échecs organisationnels monumentaux. C'est cette même compagnie qui veut renverser le flux du vieux pipeline de sables bitumineux entre Sarnia et Montréal (avec un ton d'inquiétude). Sans grandes surprises, ces catastrophes occasionnent du même coup d'énormes dommages collatéraux sur l'économie locale, la santé des citoyens et bien plus encore, la biodiversité des écosystèmes. Mais nous laissons, sous l'emprise venimeuse des tentacules corporatifs et médiatiques, nos esprits crouler sous l'irrationnel de l'exploitation des énergies sales. Et pourquoi donc ? Sommes-nous tous des sots ?  
 
Au cours du prochain siècle, les réserves de combustibles fossiles (pétrole, charbon et gaz naturel) seront épuisées. C'est un fait. L'intérêt de transiger vers des énergies plus propres et renouvelables est donc une nécessité. L'efficacité énergétique a un potentiel de croissance économique énorme; les investissements en efficacité créent quatre fois plus d'emplois que des investissements équivalents dans les formes de production d'énergie conventionnelle (Suzuki, 2010). Ce passage aux technologies «propres» suscitera une création d'emplois nette, car les sources d'énergie renouvelables nécessitent davantage de main-d'œuvre que les sources traditionnelles (OCDE, 2009). Il y a donc là un grand potentiel de croissance économique. Mais le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, semble vouloir s'écarter de cet avis. Selon lui, un projet comme celui envisagé par la compagnie Enbridge aurait pour effet, non seulement une création considérable d'emplois, mais aussi une diminution marquée du prix de l'essence à la pompe. Mais voulons-nous vraiment une diminution du prix de l'essence à la pompe? Posez-vous la question. Si l'on suit la logique, moins nous débourserons pour satisfaire nos besoins en essence, plus nous serons portés à en utiliser le produit. Nous faisons donc face à une grande problématique: à l'inverse d'observer une diminution de notre dépendance au pétrole nous y observerons plutôt un accroissement. Ce désir cupide du court terme, à savoir que vous épargnerez bien des dollars, est l'indice que votre état s'aggrave dramatiquement. Définitivement, nous ne sommes pas des sots.
 
Hier encore, j'ai été la cible de cette propagande haineuse, que j'accuserais même de criminelle. Cette publicité vide de sens à laquelle nous sommes livrés quotidiennement, où l'on nous présente les sables bitumineux comme étant le «trésor national» du Canada. Ce déni de l'évidence est alimenté par une absurdité déconcertante certes, mais bien plus encore par la ruse sophistiquée de quelques grandes multinationales. C'est la loi du plus fort. La raison n'est plus légitime, l'argent est désormais au service de cet habile illusionnisme. Ainsi, ce sont les espoirs frauduleux et les intérêts mesquins d'une petite minorité qui brûle les aspirations de la grande majorité. Voici le constat pesant qui menace la survie des oppositions criantes à ce délire environnemental.
 
Craignons l'inertie ou nous mourrons tous silencieusement… avec un arrière-goût d'amertume et de bitume pour certain!

 

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