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François Bellefeuille : Entrevue d’humoriste à humoriste

François Bellefeuille est un homme fascinant à découvrir. Certains le reconnaissent à sa chevelure ébouriffée, d'autres à ses élans de colère hilarante et absurde, mais tous s'entendent pour dire que c'est un humoriste au talent exceptionnel. Avec lui, toutes les conversations deviennent intéressantes et amènent à la réflexion. Derrière son personnage coloré se cache une personne plutôt réservée et philosophe. C'est un plaisir, dans cette entrevue intime, de vous en faire découvrir un peu sur cet artiste définitivement à suivre.

Parle-moi de ton parcours en humour.
 
Je suis entré à l’École de l’humour en 2005… Mais j’ai de la difficulté à dire que j’ai vraiment commencé à faire de l’humour à ce moment-là, parce qu’on s’entend que c’était très mauvais (rires). On sort de l’école et on pense qu’on est un humoriste et qu’on est bon, mais c’est faux je crois. C’est drôle, on trouve ça normal qu’un pianiste doive pratiquer sans cesse pour être bon, mais les humoristes pensent à tort que l’humour c’est un don naturel. Enfin bref, quand je suis sorti de l’école, moi et d’autres personnes de ma classe, on a décidé de former le groupe En 3D. On avait nos soirées d’humour au bar Le Belmont. Ça a duré deux ans en tout et j’adorais ça travailler en gang. J’aimais ça être avec d’autres sur scène.

Entre ça, je poursuivais ma pratique comme vétérinaire. Mais à un moment donné, c’est excessivement difficile d’être avec un groupe en humour. Surtout lorsqu’il n’y a pas de rentrées d’argent ni de reconnaissance. Alors cinq personnes en constante remise en question, ça donne comme résultat que certains membres abandonnent le groupe. J’ai trouvé ça difficile au début. J’avais donné deux ans de ma vie là-dedans et ça avait fini en queue de poisson. J’étais vraiment déçu. Mais ensuite, mon personnage solo est apparu. Et j’ai été choyé dans les dernières années.
 
Comment as-tu développé ton personnage de scène?
 
J’ai toujours fait des personnages, c’est ce qui me donne la meilleure présence sur scène. À force d’écrire des numéros, j’ai décidé de prendre mes six meilleurs gags et de me bâtir un numéro solide pour faire la tournée des bars. C’est un soir, dans la ruelle du bar Le St-Ciboire, avec mon ami humoriste Louis T. en attendant mon tour pour faire ma prestation, qu’une idée nous est venue. J’étais nerveux, car j’avais huit minutes de texte et je devais en faire seulement cinq en tout. Louis pense que c’est lui qui a eu l’idée (rires)… Mais bref, « un de nous deux » a eu l’idée de faire ce huit minutes de matériel en accéléré. Sur le coup, je me suis dit : « Pourquoi pas?! » (sourire). Résultat, ça a amené pas juste de la colère à mon personnage, mais de l’énergie. Ça a fonctionné super fort et ça m’a donné beaucoup de confiance en moi. Après, j’ai conservé ce débit, mais j’ai accentué la frustration du personnage. Tout a été par essais et erreurs. À un moment donné, je me choquais trop… Puis finalement, j’ai trouvé le bon ton. Mon personnage, c’est une combinaison de colère, d’absurde « terre à terre » et de situations. C’est simplement drôle de voir quelqu’un être fier d’être en colère de dire quelque chose qui n’a pas de bon sens!
 
Comment se passe ton processus d’écriture?
 
Une partie du temps, j’écris tout seul et l’autre moitié du temps, j’écris avec Olivier Thivierge. Ça fait longtemps qu’on écrit ensemble. Je l’ai rencontré à l’École nationale de l’humour; il était dans le programme auteur. J’ai commencé à lui envoyer des textes, à lui lire ce que je faisais et ensemble, on délirait sur le sujet. C’est l’fun d’avoir quelqu’un avec qui échanger et d’avoir une sorte de réponse sur ce que j’écris. J’ai de la difficulté à avoir un jugement sur ce que j’écris. J’ai besoin de feedback assez vite, sinon une idée en amène une autre et je vais beaucoup trop loin. J’adore travailler en équipe. Trouver une personne avec qui la chimie passe aussi bien en humour, ça vaut de l’or.
 
Est-ce que la célébrité a un prix?
 
Je ne sais pas si ça fait vraiment mon affaire d’être connu tous les jours. La plupart du temps, c’est l’fun mais c’est sûr que c’est différent. Quand tu es habitué d’aller à la pharmacie, que personne te parle, tu peux être bête et mal habillé… ça ne te dérange pas. Mais maintenant, j’ai de la difficulté à me rentrer dans la tête qu’on me regarde beaucoup plus. Mais c’est clair que c’est beaucoup plus facile avec les filles! (sourire)
 
Qu’est-ce qu’on ignore de la profession de vétérinaire?
 
Les vétérinaires, c’est du bon monde. Ils font beaucoup moins d’argent qu’un médecin ou un dentiste… Pour faire ce métier-là, ça prend du monde avec les valeurs à la bonne place. Être vétérinaire, c’est vivre dans une relation amour-haine puisque c’est toujours une question d’argent lorsqu’on demande des soins pour ton animal. La vérité, c’est que comme vétérinaire, ça fait toujours chi** de parler d’argent. La majorité des vétérinaires n’aime pas le service à la clientèle qu’elle est obligée de donner. Les vétérinaires adorent les animaux, donner des soins, la médecine, mais gérer tout ça avec les caprices des clients, ce n’est pas toujours évident. La majorité du temps, c’est une clientèle régulière, pour laquelle les animaux sont au centre de sa vie; sinon, la minorité, ce sont des urgences. Ce qui est difficile dans la pratique, c’est quand le client nous fait sentir mal du prix qu’il doit débourser pour les soins. Les gens doivent savoir que les traitements demandent des moyens, du temps et de l’équipement. Tout ça a un prix malheureusement.
 
Es-tu devenu vétérinaire par passion des animaux ou de la médecine?
 
Dans mon cas, c’était le côté médecine qui me passionnait. Savoir comment le corps fonctionne. Je me voyais beaucoup plus faire ça avec des animaux qu’avec des gens. Moi, je lève mon chapeau aux médecins qui ont énormément de patience et de compassion. Pour avoir géré des gens dans des situations émotives avec leurs animaux… Ce n’est pas facile.
 
Ta pire histoire de vétérinaire?
 
Je ne sais jamais quoi répondre à ça… je n’ai pas une excellente mémoire… Le pire, je crois, ce sont les clients que j’ai eus en urgence, mais qui étaient complètement déconnectés. Des gens qui avaient frappé un castor et qui me l’avaient amené parce qu’ils se sentaient mal. Le castor n’était malheureusement plus ambulatoire, donc plus capable de marcher, c’était évident. Mais les gens voulaient quand même payer pour des radiographies. Le pauvre castor, il avait le dos cassé, mais ils voulaient le sauver à tout prix. Mais vraiment à tout prix! L’argent n’était pas un problème… ils voulaient mettre 2000 $ sur le castor! À un moment donné, tu te dis : « J’ai-tu vraiment une discussion avec des gens pour sauver un castor sauvage?! »
 
On connaît bien ton personnage de scène, mais tu es très discret sur ta vie personnelle. Quel genre de personne es-tu au quotidien?
 
Je ne suis pas le genre de gars qui impose sa personne, j’aime laisser l’autre me parler. Je ne suis pas gêné, c’est simplement que je n’ai pas le besoin de communiquer qui je suis. Avec mes amis, je suis très funny, je parle plus mais… Y a plein de genres d’humoristes; moi, je ne sens pas le besoin de puncher aux deux minutes. Plus jeune, j’étais le bouffon de ma classe. Maintenant, je n’ai plus besoin d’être le centre d’attraction. Je suis quelqu’un qui a beaucoup d’amis. Être bien entouré, c’est très important pour moi et pour faire un équilibre avec mon métier. Sinon, au quotidien, j’aime regarder des séries télé et mes chats… J’en ai un qui va dehors. Je suis bien fier de lui, y fait bien ça! (sourire)
 
Comment on séduit un Bellefeuille?
 
Ça prend une fille que je trouve belle… c’est certain (timidement). Quelqu’un avec qui ça me tente de discuter, quelqu’un avec qui ça me demande peu d’effort d’échanger. Que ça soit naturel et simple. J’ai besoin d’une fille qui aime l’humour, c’est clair. J’ai besoin d’une fille qui me stimule intellectuellement. Et vraiment besoin de quelqu’un de bonne humeur. Moi, je suis un gars bien mieux en couple que célibataire. Bon, dans la vingtaine, j’ai collectionné les relations de courte durée. J’étais le spécialiste des courtes relations! Enfin, j’aime être en couple parce que mon processus de création est plus facile, j’ai moins de questions à me poser. J’ai besoin de stabilité pour être bon.
 
Comment entrevois-tu l’avenir de ton personnage dans ta carrière à plus long terme?
 
J’ai décidé de refuser de penser à l’avenir. Je trouve ça anti-créatif. J’adore mon personnage et je ne peux pas savoir où je vais être dans dix ans. C’est comme si tu disais à un groupe de musique après son 2e album : « Votre 10e album, pensez-vous qu’il va être dans le même style? » Je veux toujours faire le meilleur de moi-même. En ce moment, c’est dans la peau de mon personnage et je suis ouvert à toutes les propositions. C’est long une carrière; pour rester bon, il faut toujours se renouveler… Donc, je devrai me renouveler.

Merci François! 

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