Critique : Mozart et « Ah, vous dirais-je, Maman »

Wolfgang Amadeus Mozart est connu pour la richesse de son œuvre. Il s'est particulièrement illustré dans la musique pour piano. Ses concertos ont inspiré toute une génération de compositeurs après lui.

Ce nouveau disque sur étiquette Atma Classique par la pianiste Janina Fialkowska et les Chambristes du Canada est dédié à Mozart et au piano. Étrangement, on retrouve deux pièces parmi les plus connues du compositeur de la musique classique et deux autres un peu moins connues. Certains diront que c’est un pari risqué; pour ma part, je ne trouve pas. Le choix des pièces musicales ne me pose pas de problème.
 
Les Chambristes du Canada sont un petit ensemble composé de cinq musiciens. Ce sont eux qui accompagnent la soliste lors de l’interprétation des deux concertos. En effet, les artistes ont pris la décision d’interpréter ces deux œuvres en version de chambre, ce qu’on n’a pas vraiment l’habitude d’entendre. Quelques-uns crieront sûrement au sacrilège, mais rappelons qu’à l’époque, ce genre était plutôt à la mode. Les compositeurs, pour plaire à un plus grand nombre, écrivaient souvent leurs œuvres pour grands orchestres et orchestres de chambre.
 
Concerto pour piano n^o 13 en do majeur, K. 415 (387b)
 
Le Concerto n^o 13 est une très belle œuvre, mais rarement interprétée. Les pianistes semblent la bouder, peut-être à cause de son dernier mouvement qui ne finit pas, comme on le voit en temps normal, par un feu d’artifice.
 
Il reste que cette œuvre vaut la peine d’être écoutée. Les musiciens, étant en effectif réduit, nous permettent d’entendre toutes les subtilités orchestrales. Évidemment, le piano prend plus de place que s’il était accompagné d’un plus grand ensemble. Ce n’est pas une tare en soi puisque le jeu de Janina Fialkowska est parfaitement adapté à l’univers de Mozart. On a souvent l’impression qu’elle caresse les notes.
 
Concerto pour piano n^o 14 en mi bémol majeur, K. 449
 
Un peu plus connu, le concerto n^o 14 gagne à être réécouté. Il est considéré par plusieurs comme le premier concerto de la maturité du compositeur. En l’écoutant, on voit déjà la route qui mènera aux dernières compositions de la vie de Mozart.
 
Le dernier mouvement est particulièrement prenant. La pianiste excelle dans les mouvements lents, mais peut aussi faire preuve de dextérité dans les mouvements plus rapides comme cet Allegro non troppo.
 
Ah, vous dirais-je, Maman 
 
Qui n’a jamais chanté, quand il était petit, la fameuse chanson Ah, vous dirais-je, Maman? Cette chanson ne date pas d’hier, si bien que Mozart a composé vers 1781 des variations pour piano sur ce thème.
 
Par l’entremise de cette pièce sans orchestre, on peut davantage apprécier le jeu tout en douceur et en subtilité de Janina Fialkowska.
 
Chacune des variations est jouée avec une aisance presque enfantine et nous fait quasiment retomber en enfance.
 
Une petite musique de nuit
 
La Sérénade n^o 13 en sol majeur Eine kleine Nachtmusik, K. 525 est sans aucun doute l’œuvre la plus connue du compositeur allemand. On a pu l’entendre un peu partout. Il y a même eu des remixages plus ou moins bons.
 
Cette œuvre est la dernière de l’album. On retrouve encore une fois les cinq musiciens dans une très bonne prestation.
 
Certains diront que ça manque un peu de punch, surtout dans le dernier mouvement. Il est vrai que c’est moins impressionnant qu’une interprétation provenant d’un plus grand orchestre. Néanmoins, les musiciens nous permettent de voir (mais surtout d’entendre) d’un œil nouveau (ou devrait-on dire d’une oreille nouvelle) une œuvre qui a été jouée si souvent. Juste pour cela, je leur lève mon chapeau.

Note : 8 sur 10
 
Merci à Atma Classique de nous avoir permis d’écouter ce disque.