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Critique cinéma : « Ce que le jour doit à la nuit »

L'écrivain algérien Yasmina Khadra est très prolifique. Il a vu son œuvre adaptée dans de nombreux médias, dont le cinéma. La dernière adaptation en date est « Ce que le jour doit à la nuit », par le réalisateur Alexandre Arcady.

Une nouvelle vie
 
L’histoire débute en 1930. Elle nous montre un garçon de 9 ans aux yeux bleus comme l’azur. Il habite avec son père orgueilleux, sa mère douce et sa sœur plus jeune. Ils vivent sur une ferme dans une région agricole de l’Algérie. Chassé par des caïds locaux, son père décide d’emmener sa famille à Oran.
 
Sans travail suffisant pour faire vivre sa famille, le père se voit obligé de confier son fils à son frère aîné (Fellag), un pharmacien de la région qui habite avec une Française, Madelaine (Anne Consigny). Le garçon abandonne le nom de Younes pour adopter celui de Jonas. Un jour, il fait la connaissance d’une fillette de son âge, Émilie. Immédiatement, les deux ont l’air d’être faits pour passer le reste de leur vie ensemble. Toutefois, peu de temps après, Jonas, son oncle et sa tante sont forcés de quitter la ville pour aller s’établir ailleurs. C’est la dure séparation.
 
On retrouve Jonas (Fu’ad Aït Aattou) un peu moins d’une vingtaine d’années plus tard. C’est un adorable jeune homme qui semble maintenant vivre une vie épanouie en compagnie de quatre copains qu’il a rencontrés lorsqu’il était au primaire. Il semble avoir oublié Émilie, jusqu’au jour où une charmante et mystérieuse jeune femme (Nora Arnezeder) attire son regard. Serait-ce elle?
 
L’Algérie coloniale
 
Le long métrage d’Alexandre Arcady se consacre aux dernières années de l’Algérie coloniale. On y présente la vie de Français établis là depuis des lustres (qui seront appelés les Pieds-Noirs), mais également celle des Algériens. On sent qu’il y a des tensions entre les deux groupes, mais ils sont ici souvent occultés par l’histoire d’amour entre Émilie et Jonas.
 
En fait, on devrait plutôt parler de « non-histoire d’amour ». Jonas, même si au fond de lui est profondément amoureux d’Émilie, ne va se permettre aucun rapprochement. C’est un homme d’honneur, qui a fait une promesse.
 
Pour tenter d’amadouer son homme, la jeune femme va essayer toutes sortes de subterfuges pour le rendre jaloux et, ultimement, pour le faire tomber dans ses bras. Elle va flirter avec ses meilleurs amis et va même jusqu’à se marier avec l’un d’eux. Mais on dirait que rien ne fonctionne. Il reste de glace.
 
Une histoire touchante
 
Aussi étrange que cela puisse paraître, pour un film de 2 h 39, il n’y a pas trop de temps morts. Chaque scène est pertinente et s’emboîte bien avec le reste du récit. Puisqu’il y a beaucoup de personnages, une durée aussi longue permet de les traiter chacun avec une profondeur comme on serait en droit de s’y attendre.
 
Outre l’aspect politique, qui occupe une place assez modeste mais constante, les thèmes les plus importants sont sans doute l’amour, l’amitié et la famille. Même s’il fait parfois un peu trop dans le mélodramatique, le long métrage sait nous émouvoir en mettant en scène des personnages sincères et attachants, qui doivent faire face à des situations difficiles.
 
La dure relation entre Jonas et Émilie est celle qui suscite le plus d’intérêt. Elle est belle, bien qu’elle puisse provoquer des frustrations chez l’auditoire qui a l’habitude de voir des histoires d’amour qui se terminent dans le rire et l’allégresse. Ici, ce n’est pas tout à fait cela qui arrive. 
 
Fu’ad Aït Aattou est un séduisant « Roméo » qui parle peu. Nora Arnezeder en « Juliette » est plus fougueuse et expressive. Ces deux personnalités, qui sont pourtant à l’opposé, ont tout de même une belle chimie.
 
Une approche théâtrale
 
Visuellement, Ce que le jour doit à la nuit est pittoresque. Les images sont souvent aussi magnifiques et somptueuses qu’une toile de l’impressionnisme. Les paysages de la campagne et de la végétation sont sublimes, alors que les environnements urbains sont vivants, chaleureux et accueillants.
 
La mise en scène a souvent quelque chose de théâtral. Je ne sais pas si c’est à cause des dialogues qui semblent tout droit sortis du livre ou encore en raison du jeu des comédiens, mais on a parfois l’impression d’assister à une pièce de théâtre filmée. La plupart du temps ça passe bien, mais il arrive qu’on ait le sentiment qu’on en fait un petit peu trop pour nous émouvoir.
 
Le tout demeure quand même cohérent dans l’ensemble et nous rappelle constamment qu’il s’agit d’une adaptation d’un roman. Je n’ai pas eu la chance de lire cette œuvre (mais le film m’en a donné vraiment envie), cependant j’ai l’impression que le cinéaste a traité l’œuvre littéraire avec un grand respect, comme peu de réalisateurs le font de nos jours.
 
La bande sonore, de son côté, est riche et descriptive. Elle prend beaucoup de place et joue un rôle de premier plan pour décrire les émotions par lesquelles passent les protagonistes.
 
Verdict
 
Touchant, pittoresque et théâtral, que dire de plus de Ce que le jour doit à la nuit. Traité avec un grand respect par le réalisateur, cette adaptation, quoi que parfois un peu trop mélodramatique, sait émouvoir en proposant une histoire d’amour, certes dure, mais bouleversante.
 
Cote : 3,5 étoiles sur 5

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