1929. Si l’Allemagne est à l’aube du régime du IIIe Reich, elle est également la scène d’une série de crimes aussi morbides qu’ahurissants. En effet, le village de Düsseldorf vit dans la terreur, ne sachant qui sera la prochaine victime de l’un des tueurs en série les plus sanguinaires et barbares de l’époque moderne. Son nom : Peter Kürten, alias le vampire de Düsseldorf.

Un tueur en série particulier

Comme pour plusieurs tueurs en série, Kürten a commis toute une série de crimes avant de bifurquer vers le meurtre. Son existence fut parsemée de délits divers, incluant des condamnations pour vols et pyromanie. Ce n’est qu’en 1913 qu’il sera épinglé pour la première fois pour meurtre à la suite de l’étranglement d’une jeune fille lors d’un braquage. Il recevra une peine de 8 ans pour ce crime. À la suite à cet emprisonnement, Kürten emménagera à Altenburg avant de retourner au village de Düsseldorf en 1925, là où il avait passé une partie de son adolescence.

Quatre ans après son arrivée, Kürten plongera la population de ce village dans la peur. Düsseldorf devient le théâtre de crimes répugnants plongeant les forces de l’ordre dans un ébahissement total. En effet, la particularité des délits de Kürten est qu’ils ne ciblent pas une tranche de la population en particulier. Hommes, femmes et enfants sont la cible de ce tueur de sorte que les policiers ne peuvent jamais prédire qui sera la prochaine victime de ce tueur rôdant dans le village allemand. Pire, ils ne sont pas attaqués de la même façon, certains étant victimes de coups de couteau, de hache ou de marteau, de strangulation, et.c En outre, à un certain moment durant leur enquête, les policiers croient qu’ils ont affaire à plus d’un tueur !

Dans la seule année 1929, Kürten fera des victimes de tous les âges. Ainsi, le 8 février, il tue une femme avant de violer une petite fille de 8 ans. Le 13 du même mois, il assassine un mécanicien en le poignardant à 20 reprises. Le 21 août, il attaque au couteau 3 personnes différentes et, deux jours plus tard, il assassine deux sœurs âgées de 5 et 14 ans. Le 24 août, il tue un autre homme. Entre septembre et octobre, il commet deux viols, meurtres et agressions au marteau. Enfin, le 7 novembre, il assassine une fillette de 5 ans et pousse l’audace jusqu’à envoyer une lettre aux policiers leur indiquant l’emplacement du corps puis une autre missive plein de cynisme et de cruauté aux parents de la victime.

C’est en 1930 que Kürten commettra l’erreur qui lui sera fatale. Après avoir réalisé une série d’agressions au marteau en février et mars, il violera une jeune femme du nom de Maria Budlick en mai. Or, il arrive souvent que pour nourrir leur stimulation, les criminels prennent des risques de plus en plus grands. C’est ce que fera Kürten en laissant partir Budlick alors qu’elle a été violée au domicile de l’homme. La jeune femme se rendra immédiatement dans un poste de police et conduira les policiers au domicile de Kürten. Ce dernier, ayant pris la fuite en sachant très bien qu’il risquerait une condamnation à mort pour tous ses crimes, finira par avouer tous ses délits à sa femme et la poussera à tout dire à la police. Le 24 mai,  celui qui se surnomma le vampire de Düsseldorf sera repéré et arrêté.

Peter Kürten

Pourquoi le surnom de vampire ?

Lors de ses interrogatoires, Kürten avouera avoir commis pas moins de 80 actes délictueux. Durant ses aveux, il mentionnera qu’il restait à proximité de ses crimes afin de voir l’attention que ceux-ci généraient. En outre, Kürten déclarera qu’il ressentait une profonde excitation sexuelle lorsqu’il voyait les gens s’agglutiner autour d’un édifice auquel il venait de mettre le feu ou encore lorsque la police et les citoyens étaient horrifiés de découvrir le cadavre de l’une de ses victimes. C’est d’ailleurs pourquoi il a envoyé les lettres aux policiers et parents de sa dernière victime, lettres qu’il avait signées avec le nom « Le Vampire de Düsseldorf ».

Or, pourquoi Kürten s’est-il affublé de ce surnom qui finira par être celui que l’on retiendra ? Eh bien, tout simplement parce qu’il finira par avouer aux enquêteurs de même qu’à des psychiatres que la vue du sang l’excitait à un niveau inégalé. Pire encore, Kürten déclarera que le bruit du sang jaillissant d’une artère était ce qui l’excitait le plus. L’obsession du sang chez cet homme était tel qu’il déclara avoir bu l’hémoglobine de plusieurs de ses victimes. Voici d’ailleurs un passage de ses aveux qui résume bien à quel point le sang le rendait fou :

« Ce qui importe pour moi (…), c’est de faire une blessure afin de goûter le sang, d’en sentir le parfum et d’en entendre le bruit; car le sang qui jaillit produit un murmure; il ne saurait se comparer à aucun autre bruit. Et puis, cette chaleur qui vous remplit lorsque vous vous en désaltérez, c’est quelque chose d’inexplicable, qui me donne un vertigineux bonheur… ».

Peter Kürten

Explications du comportement du vampire

Si vous êtes rendu jusqu’ici, vous êtes probablement horrifié et dégoûté par les crimes de cet homme. D’ailleurs, vous vous demandez peut-être comment quelqu’un peut commettre des gestes aussi barbares et dignes d’un film d’horreur, et ce en toute conscience.  Voilà pourquoi je vous propose quelques pistes d’explications sur les agissements de ce tueur.

Premièrement, il faut savoir que Kürten a eu une enfance ainsi qu’une adolescence marquée par la pauvreté, la violence et la sexualité. Vivant avec ses 12 frères et sœurs ainsi que ses parents dans une seule pièce, Kürten vivait sous le joug d’un père alcoolique et violent. Il a été rapporté que le patriarche de la famille battait sa femme ainsi que ses enfants, en plus d’avoir violé l’une de ses filles. Les punitions qu’il infligeait à ses enfants étaient également extrêmes. En outre, à une occasion, Kürten a été puni par son père en ayant été lancé dans une fosse à excréments. Ce dernier lui a maintenu la tête dans ladite fosse tout en lui donnant des coups de bâton. Par ailleurs, Kürten aurait commis plusieurs actes de bestialité et auraient même assassiné deux enfants à l’âge de 8 ans. Devant une telle enfance, il ne faut pas s’étonner que Kürten ait adopté un style de vie où la violence et la sexualité prédominaient.

Ensuite, Kürten a été interrogé par des psychiatres suite à son arrestation. Ces derniers ont conclu qu’il s’agissait d’un psychopathe à tendance narcissique dont les désirs passaient avant tout. Kürten ne pouvait résister à ses pulsions de sorte que lorsqu’une envie de sang ou de sexe surgissait en lui, il devait blesser ou violer afin d’assouvir ses fantasmes. Jamais il n’eut de remords pour ses crimes, ayant candidement avoué qu’il ressassait sans cesse dans sa tête les scènes morbides de ses délits puisque cela l’excitait. Kürten avait également une haute estime de lui-même frisant la mégalomanie, ayant parfois justifié ses crimes comme étant des actes de rébellion contre l’ordre de la société. Kürten se voyait aussi être porté en triomphe et considéré comme un héros national pour avoir été à l’origine de sa propre arrestation !

Mais comment expliquer cet attrait pour le sang et le meurtre ? J’ai tenté de trouver une réponse et je suis tombé sur un passage de la vie de Kürten fort intéressant où il avoue que dans sa jeunesse, il torturait et violait des animaux. À une occasion, alors qu’il avait une relation sexuelle avec un mouton, il a assassiné ce dernier au même moment où il a eu un orgasme. L’exécution du meurtre et la vue du sang sur l’animal ont probablement été associées à une importante stimulation dans l’esprit de Kürten. Pour retrouver l’extase de ce moment, que le cerveau de Kürten a associé au meurtre et au sang, l’homme devait de nouveau blesser et/ou tuer. Et puisqu’il ne pouvait contrôler ses pulsions, nous pouvons conclure que Kürten avait une telle fascination pour le sang, le sexe et les assassinats afin de répondre à ses désirs.

Le cas de Peter Kürten, quoique morbide, est fascinant en ce sens qu’il ne cadre pas avec le portrait typique d’un tueur en série. Non seulement n’avait-il pas un type de victimes privilégié, mais il n’avait pas non plus une façon d’opérer propre aux tueurs en série. Son goût du sang  est aussi un élément le distinguant et en faisant un objet d’étude aussi intéressant.

Commentaires