Michel Therrien s’inspire-t-il de Mohamed Ali?
En ce moment, les fans finis du Canadien sont nerveux. L'attaque ne produit plus depuis quelques matchs, et ce, même contre des équipes ayant une défensive digne des joueurs du Tim Hortons. « Pourquoi ça ne rentre pas de c'temps-là? » est devenu pour eux une question aussi existentielle que « Qui suis-je? », « Où vais-je? » et « Who let the dogs out? ». Je me suis penché sur cette énigme et après quelques minutes de réflexion, j'ai compris que la réponse résidait dans le travail de l'entraîneur. J'ai donc fait une enquête de ce côté. On a souvent dit que Therrien n'était pas un as de la stratégie. Détrompez-vous.
30 octobre 1974. Michel Therrien n'a alors que 9 ans. Excité, il essaie pour la 15e fois son costume d'Halloween de Batman pour le lendemain. Au même moment, au Zaïre, Mohamed Ali défait George Foreman par KO technique lors du célèbre Rumble In The Jungle. Pendant tout le combat, Ali reste dans les cordes et encaisse les violentes attaques de Foreman, champion du monde des poids lourds à ce moment. Il semble en difficulté quand soudain, au 8e round, alors que son adversaire ne semble plus avoir d'énergie, Ali sort des cordes, se met à boxer agressivement et terrasse le gros George. La stratégie d'Ali fut nommée Rope a Dope et lui, le G.O.A.T. De son côté, après une grande carrière, Foreman se mis à vendre des grills.
Jusqu'ici, vous vous dites que les deux évènements n'ont aucun rapport. Vous avez raison. Faisons alors un saut de 39 ans dans le futur.
Lundi. J'amorce mon enquête. N'étant pas un détective, je dois me fier sur ce que j'ai appris dans les films. Donc, selon le film Seven, vérifier les comptes des gens à la bibliothèque est un excellent moyen de trouver une piste. Je suis donc allé à la grande bibliothèque de Montréal. Grâce à mon charme sauvage, j'ai pu convaincre la préposée de la pertinence et de l'importance de mes recherches, assez pour qu'elle me permette de commettre une atteinte à la vie privée (ça, c'est du charisme!) à l'aide de son ordinateur.
Je tape donc « Michel Therrien » et j'appuie sur « Recherche »; 34 comptes sont ouverts à ce nom. Et c'est là que ça devient intéressant. Cet été, l'un d'eux a emprunté le film Ali avec Will Smith et l'a rapporté 7 semaines en retard. J'ai vu le film. C'est bon. Très bon même. Mais pas au point de contracter une dette de 50 $ envers une institution publique.
Or, la dernière partie du film est consacrée au fameux combat. On y voit Will Smith en manger une solide avec plein de plans au ralenti. J'ai pu jeter un coup d'oeil au DVD. Cette section du disque est la plus endommagée, comme si on l'avait fait jouer en boucle des centaines de fois. Est-ce que celui qui l'a emprunté voulait en faire une analyse plus profonde? Il y a assurément anguille sous roche ou, en langage hockey, il y a puck sous pads. J'ai aussi voulu relever des empreintes digitales pour étayer ma thèse. N'ayant pas la poudre nécessaire, j'ai dû emprunter le fond de teint de la préposée. J'attends les résultats du laboratoire de Lise Watier.
Ma théorie est la suivante : cet été, après avoir vu son club finir la saison la langue à terre, Michel Therrien s'est juré que ça n'arriverait plus. Mais comment maintenir une équipe, somme toute moyenne, dans les hauteurs du classement, tout en gardant de l'énergie pour le « tournoir » du printemps? C'est là que le Rope a Dope entre en ligne de compte. Therrien a assimilé la technique et l'applique à son équipe.
En ce moment, les Canadiens envoient le signal à toute la ligue qu'ils forment une équipe fragile, sans véritable force offensive et que le bon début de saison n'était qu'un mirage. Prédiction? Le club va se qualifier pour les séries par la peau des fesses. Ainsi, les grosses équipes ne se méfieront pas d'eux. C'est là qu'ils vont sortir des câbles, jouer avec énergie et terrasser leurs adversaires pour devenir champions.
Oui, mes amis, Michel Therrien est un stratège de génie.
