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Dossier criminel : H.H. Holmes, le premier tueur en série nord-américain

En regardant un être humain, auriez-vous l’idée de faire du profit en le massacrant puis en vendant ses os? J’ose espérer que non! Pourtant, il s’agissait de la motivation première de Herman Webster Mudgett, mieux connu sous le nom de Henry Howard Holmes ou encore du premier tueur en série nord-américain. Voici son histoire, qui risque de glacer votre corps jusqu’aux os!

Une enfance violente et religieuse

Herman Webster Mudgett naît le 16 mai 1861 dans la ville de Gilmonton, au New Hampshire. Son enfance est parsemée de violence, gracieuseté d’un père alcoolique en proie à des crises de colère incontrôlables. Le jeune Mudgett tente de trouver du réconfort auprès de sa mère, une Méthodiste ultra pratiquante qui lui lit régulièrement la Bible.

Si la vie familiale n’est pas de tout repos, la situation n’est guère plus réjouissante à l’école. Mudgett devient la victime d’intimidateurs qui, un jour, découvrent qu’il craint le médecin du village. Ils forceront alors le jeune garçon à approcher puis à toucher un squelette humain, ce qui changera sa vie à jamais. En effet, plutôt que d’être effrayé, Mudgett est fasciné par la charpente humaine et développe très rapidement une obsession pour la mort. Au fil de ses études, il découvre aussi que l’on peut faire de l’argent en vendant des organes et des os humains aux écoles de médecine. Ce double intérêt sera au cœur des décisions que prendra Mudgett dans sa vie.

Le jeune médecin charismatique

Poursuivant sa fascination pour le corps humain, Mudgett s’inscrit à l’école de médecine de l’Université du Michigan. Il en sort avec un diplôme en juin 1884, bien que son parcours universitaire ait été l’hôte d’un sombre secret. En effet, durant ses études, Mudgett volait des corps au sein des laboratoires afin de les défigurer. Par la suite, il affirmait aux forces de l’ordre que ces personnes avaient été accidentellement tuées et touchait leurs primes d’assurance-vie, qu’il prenait grand soin de collecter.

Suite à ses études, Mudgett déménage à Chicago avec pour objectif d’y faire carrière dans le domaine pharmaceutique. Extrêmement charismatique, manipulateur hors pair et fin négociateur, Mudgett amorce en parallèle une carrière d’hommes d’affaires sous le nom d’Henry Howard Holmes, qui demeurera son identité jusqu’à sa mort. Séduisant, il va jusqu’à se marier 3 fois sans jamais divorcer. Effectivement, Holmes parvient à épouser 3 femmes en même temps et même à vivre avec 2 d’entre elles sans faire exploser son ménage!

Le World’s Fair de 1893 et le Château du Massacre

Question de mousser ses affaires, Holmes cible une pharmacie de la localité, dont le propriétaire est atteint d’un cancer incurable. Une fois celui-ci décédé, Holmes entame des négociations avec la veuve et parvient à la convaincre de lui vendre l’établissement. Cependant, la situation financière précaire de l’homme d’affaires le précipite rapidement en défaut de paiement, ce que l’ancienne propriétaire n’apprécie pas. Elle entame dès lors une poursuite contre Holmes, mais la cause tombe à la suite de la mystérieuse disparition de la dame quelque temps plus tard. Questionné à ce sujet, Holmes expliquera aux policiers que la femme s’est rendue en Californie pour visiter des proches et qu’elle a tellement aimé sa visite qu’elle a décidé d’y rester.

Holmes poursuit ses investissements immobiliers et achète plusieurs immeubles adjacents à la pharmacie. En 1893, il relit les bâtiments et les transforme en un immense hôtel que les villageois surnommeront « Le Château ». Si le premier et le second étages sont tout à fait normaux, le troisième est beaucoup plus mystérieux. Personne n’y a accès sauf Holmes et son acolyte de l’époque, Benjamin Pitezel. Des rapports ultérieurs mentionneront que cet étage était composé de structures très bizarres, incluant des escaliers ne menant nulle part, pas moins de 100 chambres sans fenêtres et donnant sur des murs de briques, des couloirs aux angles étranges et des portes ne pouvant s’ouvrir que de l’extérieur. Par ailleurs, durant la construction de l’hôtel, Holmes a constamment changé d’ouvriers et d’entrepreneurs, se gardant le luxe de connaître exclusivement la disposition des étages et des pièces du « Château ».

Dès la fin des travaux, Holmes ouvre l’hôtel afin d’y accueillir les touristes prenant part au World’s Fair, qui se tient cette année-là à Chicago. L’homme ne perd pas de temps et commence à enlever des clients pour les tuer dans son immeuble s’apparentant à un labyrinthe. Il y tue aussi ses maîtresses de même que plusieurs de ses employés, desquels il touche l’assurance vie. En effet, une condition d’embauche était que les employés retirent leur assurance vie et fassent de Holmes leur bénéficiaire.

On a répertorié de nombreuses techniques de meurtres au sein du « Château ». Par exemple, Holmes pouvait enfermer des personnes dans des chambres insonorisées reliées à des tuyaux emplis de gaz dans le but de les asphyxier, séquestrer des individus dans une immense voûte située à proximité de son bureau jusqu’à ce qu’ils suffoquent ou encore les brûler dans d’immenses bacs à l’aide de feu ou d’acide. Les corps étaient ensuite projetés dans une chute vers le sous-sol afin d’y être soigneusement découpés. Holmes et Pitezel leur enlevaient aussi la peau et en faisaient des squelettes tout propres qu’ils vendaient aux écoles de médecine. Les organes étaient aussi recueillis pour être vendus.

L’après-festival, la cavale et la poursuite des meurtres

À la suite du festival, l’économie n’est plus aussi florissante à Chicago. Holmes déménage alors au Texas avec pour plan d’y construire un autre « château ». Faisant la connaissance de jumelles et promettant à l’une d’elles de l’épouser, il hérite de leur propriété et s’assure de mettre la main sur son dû en les assassinant. Une fois cela fait, il poursuit sa cavale à travers les États-Unis et le Canada.

En 1894, Holmes commet sa première grande erreur et est arrêté pour vol de chevaux. Brièvement incarcéré, il planifie quand même  une fraude avec un co-détenu visant à simuler sa propre mort pour mettre la main sur son assurance vie. Le plan échoue, forçant Holmes à faire appel à Pitezel pour simuler la mort de celui-ci. Pitezel accepte, mais Holmes procède tout bonnement à son assassinat et collecte son assurance vie. Il pousse l’audace jusqu’à convaincre la femme de Pitezel de voyager avec lui, tout en lui faisant croire que son mari est toujours en vie et qu’il se cache à Londres. Il manipule si bien la veuve que cette dernière lui confie 3 de ses 5 enfants, qui voyageront séparément de leur mère en compagnie de Holmes.

Lorsqu’il s’arrête à Toronto, Holmes tue les 2 fillettes qu’il trimballe dans ses déplacements. Cependant, le meurtrier ne sait pas qu’il est traqué par un détective de Philadelphie, qui enquête sur lui pour ses activités suspicieuses. La traque mènera le détective jusqu’à Indianapolis, où Holmes a temporairement élu domicile. Il découvrira que le tueur a acheté des drogues dans une pharmacie locale pour tuer le troisième enfant Pitezel. Poussant son enquête, le détective sera informé que Holmes a également visité une quincaillerie afin d’y faire aiguiser des lames qui serviront à découper le corps de l’enfant avant qu’il ne soit brûlé. Le policier trouvera les os et les dents du garçon dans la cheminée du nid familial.

La trahison et la fin de Holmes

Holmes commet une autre erreur en ne payant pas son ancien co-détenu, auquel il avait promis une partie de la somme de l’assurance vie de Pitezel. Il se venge en dénonçant Holmes, déclenchant alors une vaste chasse à l’homme. Le tueur est de nouveau arrêté en 1894 avec un mandat de l’État du Texas pour vol de chevaux. Approfondissant leur enquête sur Holmes, la police de Chicago est appelée et retrace l’ancien concierge du « Château ». Celui-ci leur met la puce à l’oreille lorsqu’il leur mentionne qu’il n’a jamais pu avoir accès au troisième étage du bâtiment afin de le nettoyer. Ils y découvriront le fameux labyrinthe imaginé par l’homme d’affaires et médecin.

En parallèle, les policiers de Philadelphie enquêtent sur la disparition des 3 enfants Pitezel et accumulent des preuves accablantes contre Holmes. Interrogé, celui-ci finira par avouer qu’il a commis pas moins de 30 meurtres à Chicago, Indianapolis et Toronto et qu’il a tenté d’assassiner 6 autres personnes. Néanmoins, en se basant sur les disparitions de l’époque à Chicago, on estime que Holmes aurait pu tuer entre 20 et 200 personnes, principalement des femmes. Des voisins de l’époque ont aussi rapporté que Holmes entrait souvent avec des femmes dans l’hôtel et que ces dernières n’en sont jamais ressorties.

Durant ses confessions, Holmes s’est souvent contredit, affirmant qu’il était innocent avant d’avouer ses meurtres, en passant par une soi-disant possession par Satan pour expliquer ses gestes. Il avait une telle manie à mentir qu’on ignore encore aujourd’hui quels dires sont vrais et lesquels sont faux.

Le 7 mai 1896, Holmes est pendu à la prison de Moyamensing. On mentionne qu’il est demeuré très calme jusqu’à son exécution, n’affichant aucun signe d’anxiété ou de détresse.

L’héritage de Holmes

L’histoire d’horreur de Henry Howard Holmes n’est pas la plus connue, mais elle a quand même fait l’objet de plusieurs travaux et ouvrages. En outre, en 2003, un documentaire intitulé H.H. Holmes : America’s First Serial Killer a vu le jour. Puis, une biographie écrite par Jeff Mudgett, descendant du tueur, fait mention que Holmes serait ni plus ni moins que Jack l’Éventreur, ce meurtrier en série ayant terrorisé le quartier de Whitechapel à la fin du 19e siècle. Pour appuyer ses affirmations, Mudgett a soumis à des analyses des lettres écrites par Holmes qui correspondent à 97,5 % à l’écriture des lettres attribuées à l’Éventreur. Toutefois, on sait que plusieurs de ces lettres ont été rédigées par des journalistes de l’époque, ne les reliant donc pas aux meurtres en tant que tels. Il est donc peu plausible, voire très improbable, que Holmes soit l’Éventreur.

Cela étant dit, l’histoire d’Henry Howard Holmes démontre à quel point des événements de l’enfance peuvent être les fondations de carrières criminelles dépassant l’imagination et jusqu’où l’humain peut aller afin d’assouvir ses besoins pécuniers.

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