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Bien vivre : La peur de ne plus exister

Vous êtes des narcissiques. Bon ok, peut-être pas volontairement, mais sans vous en rendre compte, vous avez été infectés par la pire maladie du monde : le virus du JeMeMoi, ou la peur de ne plus exister. Aujourd'hui, on réfléchit un peu ensemble à ce terrible virus, qui menace de complètement décimer les discussions et les relations interpersonnelles. Dans cet article « food for thoughts » ou « matière à réflexion » (dans sa traduction la plus ennuyeuse), je ne vais pas vous donner directement des conseils, mais plutôt vous inviter à vous poser des questions.

Dès lors que mon article commence, je vous donne un petit devoir : observez vos discussions avec les autres. Soyez surtout attentif au mot « moi ». Je vous dirais bien de vous pincer le poignet chaque fois que vous l'entendez, mais vous finiriez par vous déchirer entièrement la chair et vous vous videriez de votre sang en plein bar, ce que l'on ne veut pas, entendons-nous.

La plupart du temps, pour ne pas dire absolument tout le temps, les gens ne parlent que d'eux, continuellement, sans arrêt, sans pause, sans reprendre leur souffle. Comme s'ils avaient peur de cesser d'exister s'ils n'étendaient pas toute leur vie sur la table, s'ils n'utilisaient pas chaque gicle de bave pour essayer d'obtenir la validation de leurs prouesses par les autres, des compliments sur leurs bonnes actions ou des consolations pour leurs petits problèmes, quitte à brimer l'autre, à le couper et à tout tourner vers soi, encore une fois.

Humain A : Hey j'ai découvert Shinedown hier; pas pire groupe, j'aime bien.

Humain B : Ah! moi j'aime bien le country.

Humain C : Ark, du country, moi c'est du rap ou rien.

Humain D : Moi, c'est…

Humain E : Moi, c'est…

Et nous voilà tous partis pour un tour de table, où chacun va, si fièrement, citer SON style de musique préféré. Pourtant, personne n'a demandé à connaître la vie de tout le monde, mais on y va quand même, parce qu'on a l'espèce de besoin flou d'être entendu, d'être vu. Étrangement, c'est toujours comme ça. Rares, très rares, excessivement rares sont les fois où quelqu'un va s'intéresser davantage à Humain A, et à sa découverte musicale. Depuis que je prends la peine d'observer ce phénomène, je peux compter sur une main les fois où une personne n'a pas essayé de plugger SA vie après quelqu'un d'autre, comme par peur d'être oublié, par peur de cesser d'exister si sa vie n'était pas connue des autres.

Au lieu de s'intéresser réellement à ce que quelqu'un d'autre a à nous dire, à partager, on veut tout de suite partager ce que nous, on a vécu; ce qui nous implique, nous, et notre gros nombril plein de graisse de BigMac et de poussière de vieux t-shirt. Dès le moment où l'on sent une opportunité de plugger notre vie, on n'écoute même plus ce que la personne qui parlait disait et on se concentre sur ce qu'on va dire ensuite. Et si on le dit et que personne n'a compris, on ne se tait pas, bien non, parce que c'est important que les gens entendent, vital, donc on le répète, avec un semblant de même ton de voix, pour essayer de recréer le moment, dans l'espoir désespéré que quelqu'un nous écoute, nous voit, remarque notre existence. Seulement voilà, ils ne nous écoutent plus, ils pensent à ce que eux, ils vont dire… Hmm.

De la même façon, on peut observer Facebook, la plateforme officielle du « s'il-te-plaît-check-moi », du « dis-moi-donc-à-quel-point-j'ai-une-belle-vie », du « regardez-comme-je-suis-drôle » ou du féminin « miroir-miroir-dis-moi-que-je-suis-donc-belle ». C'est devenu un travail à temps plein pour certains que d'envoyer sur Internet des images de leurs soirées au bar, des photos de leurs exploits culinaires ou de leurs simples faces, dans le but de ne pas cesser d'exister. Parce qu'on a de plus en plus l'impression que si notre vie toute entière n'est pas diffusée sur un maudit site Internet, que si tout le monde entier ne reconnaît pas que notre vie est cool et si merveilleuse, eh bien elle devient réellement lamentable et inutile. On a de plus en plus l'impression que la valeur de notre vie dépend du nombre de yeux qui la regarde avec approbation, un pouce vers le haut. C'est grave, là. 

Ou bien pensez à votre dernier rendez-vous galant. Vous étiez là, à essayer de la faire rire, à lui raconter votre dernière anecdote au bar, pour lui montrer que vous avez donc une vie cool et trépidante, à essayer de lui prouver votre valeur, et elle était là, à insérer subtilement ses qualités dans la conversation, comment elle est indépendante, à vous dire absolument tout ce qu'elle aime faire dans ses temps libres, et tout le bla bla bla. Au lieu de vivre le moment présent ensemble, vous avez passé votre temps à étaler votre vie, dans l'espoir que l'autre l'accepte, la signe, l'étampe et l'approuve. Certes, partager qui on est, s'ouvrir aux autres, c'est très bien. Mais je crois qu'il y a un large fossé entre « s'ouvrir aux autres » et « ouvrir la porte et sacrer tout ce qu'on est sur le trottoir en décrivant tout ce qu'on lance avec un mégaphone ».

Il faut se poser certaines questions, je crois. Pourquoi est-ce que je fais ça? Est-ce que je veux vraiment m'ouvrir à cette personne, ou bien est-ce que je veux juste qu'on me trouve cool? Est-ce que suis uniquement poussé par mon désir d'être reconnu?

À lire aussi : Savoir remettre en question

On est tous infectés et il n'y a pas de vaccin. Nietzsche nous avait prévenus. Mais moi, quand j'ai la grippe, je ne fais pas exprès pour tousser sur le monde, je tousse dans mon coude et je garde ça pour moi. Pis vous?

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