Humour : Air Sotchi (1re partie)

« Quoi? Ai-je bien compris? On a payé ton voyage pour couvrir les Olympiques, des nouveaux vêtements parce que tu as égaré tes valises, toutes tes dépenses, dont 8 000 $ non justifiés, et tu nous demandes en plus de te payer un nouveau vol parce que tu as manqué le tien ce matin? Es-tu tombé sur la tête?»… Ça, c’est mon patron chez Affairesdegars.com! Donc, en résumé : on est lundi, je suis sur un lendemain de veille à Sotchi avec Carey Price et Sidney Crosby, et l’équipe nationale est partie. Ça rime, mais c’est loin d’être la joie! Je raccroche et regarde mes deux compatriotes… Nous sommes blêmes comme un banc de neige. Ça tombe bien, car il semblerait que c'est l’hiver. Tout ce que je peux confirmer en ce moment, c’est que nous sommes maganés! Je vous raconte…

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Tout a débuté dimanche après-midi… Je me dirigeais à pied vers le Palais des glaces Bolchoï pour la grande finale de hockey entre le Canada et la Suède. Oui, vous avez bien lu… à pied!!! Terminé le stress d’être attaqué par la mafia russe, mon employeur a payé ma dette de 8 000 $ au bar Polar Sipire et je suis à moins de 24 heures de mon départ de ce cauchemar permanent. Je me sens aussi léger qu’un anorexique à la diète! Enfin, je vais pouvoir m’amuser et profiter des Jeux olympiques… Après toutes ces mésaventures des dernières semaines, je crois que c’est bien mérité! Aujourd’hui, je ne suis plus Jamaïcain, je suis Canadien et fier de l’être! Vite, une bière pour fêter ça!!!

À partir du moment où le match a débuté… je n’ai que quelques souvenirs dans ma tête. Une victoire de 3 à 0 contre des chandails jaunes… P.K. Subban qui m’invite à fêter avec eux dans le vestiaire… Quelques gorgées de champagne… Un violent mal de tête… Le noir total… Respiration difficile… Retour à la vie… Ayoye!

J’étais conscient mais incapable de bouger pendant un instant. Le sol était froid, ça puait l’alcool à friction et une poule gloussait près de mon oreille. Une poule?!? J’ouvre difficilement les yeux… comme si quelqu’un s’était amusé à me les coller avec de la Krazy Glue pendant la nuit. La poule était devant moi, elle me regardait avec un air méchant… Je me sentais aussi coupable que si je venais de vider un baril au Poulet Frit Kentucky et que c’était toute sa famille à l’intérieur. Je tente de me relever, mais j’ai une lourdeur au cou… c’est peut-être parce que j’ai dormi sur le sol ou bien c’est peut-être parce que j’ai une médaille d'or autour! Quoi? Une médaille d’or? Je regarde partout… Sidney Crosby est couché sur le dos et visiblement, il rêve à une jolie demoiselle, Carey Price dort en cuillère avec un orignal empaillé et le farteur d’Alex Harvey est dans un coin… parce qu’il n’a plus d'autre endroit pour se cacher dans le village! Étrangement, tout le monde porte une médaille… Il y a des bouteilles partout, mais nous ne sommes que quatre dans cette chambre d’hôtel à Sotchi. C’est impossible que l’on ait bu tout ça… De toute façon, je ne me rappelle de rien! Mais à qui appartient cette médaille d’or?

Je réveille tant bien que mal mes deux nouveaux « amis » en prenant bien soin de ne pas trop m’approcher de la poule et du farteur dépressif. Carey ne se rappelle de rien du tout, mais Sidney Crosby a la réponse à ma question : « C’est la médaille de P.K… Il te l’a donnée en échange d’un méga party que tu as organisé ici pour tout le monde. Tu as tout payé avec une carte de crédit rouge! » Est-ce un élan de générosité, une détresse sociale ou tout simplement un suicide par procuration? Parce qu’en ce moment, j’ai juste le goût de m’acheter une pelle et de m’enterrer dans un champ de patates à Sotchi. Encore là, je trouverais le moyen de m’enterrer sur le terrain d’un thanatologue et il m’enverrait la facture par Compost Canada…

Bref, je viens de terminer mon appel avec mon boss, sans lui avoir avoué la petite fête que j’avais payée avec sa carte de crédit. Comme si ce n’était pas assez, on a perdu P.K. Subban à Sotchi, on a un farteur anonyme sur les bras et je ne trouve plus mes vêtements encore une fois! Un karma de merde pour un gars qui n’a rien à se reprocher à part la mort accidentelle d’un chat dans ses rêves et un délit de fuite à pied…

Comme un vrai capitaine, Sidney a pris les choses en mains. On s’est dirigés vers l’entrée de l’hôtel et on s’est informés sur la possibilité d’une compagnie aérienne à Sotchi pour revenir le plus tôt possible à la maison… L’homme à la réception nous a donné un document… euh, une feuille 8 ½ X 11 jaunie avec des informations écrites à la main : Air Sotchi! Ce dernier appelle pour nous… Après quelques minutes de discussion, il raccroche! Il nous dit : « J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle… La bonne, c’est qu’il a quatre places pour un départ qui vous permettra de rejoindre votre équipe à Francfort pendant le transfert… La mauvaise, c’est que le départ est dans une heure, ça coûtera 12 000 $ au total et il faut réserver immédiatement avec votre carte de crédit… » Juste ça? Price et Crosby cherchent dans leurs poches… aucune carte sur eux! « Mike, on va te rembourser en Amérique! », me promet Carey avec ses petits yeux de collégienne qui désire sa note de passage! J’espère bien… Je donne ma carte à l’homme de la réception et ce dernier s’occupe de tout! Le seul problème, c’est que nous avons moins d’une heure pour faire nos valises (pas dans mon cas, je porte les vêtements country de Carey Price), trouver P.K. Subban, laisser le farteur à la réception comme pourboire et nous rendre à l’aéroport de Sotchi… Gros contrat!

On ouvre la porte de la chambre… et tout est ramassé! Hein? P.K. sort des toilettes, tout en sueur, en disant : « Hey les gars, vous étiez où? Je vous cherchais partout! »… Euh… Veux-tu un choix de réponses?! Ce dernier nous a raconté qu’il s’était réveillé avant nous et qu’en sortant de la chambre pour chercher du café, il avait fait un face à face avec un loup dans le corridor. Après une demi-heure de poursuite dans l’hôtel, il avait réussi à emprisonner le loup dans notre salle de bain en utilisant le farteur désespéré comme appât. Une pierre deux coups, comme dirait l’autre… Eh ben! Tout va pour le mieux, P.K. est avec nous et il a même préparé nos valises… Je trouve mon veston canadien et heureusement, mon passeport et mon visa sont à l’intérieur. Soupir de soulagement, on va enfin partir. Alors que Sidney appelle la réception pour demander un taxi, je décide d’aller vider ma vessie avant notre grand départ… Souriant, j’ouvre la porte!

J’entends : « Mike! No….NOOOOOO!!!!!!!! »… Merde… Il est trop tard!

À suivre la semaine prochaine…