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Il était une fois dans l’Est: le Far West au Québec au XIXe siècle!

Hollywood et ses films de cowboys ont marqué plus d’une génération de p’tits gars de partout dans le monde. La Conquête de l’Ouest, avec ses hors-la-loi et la cavalerie qui arrive toujours en retard, nous a semblé bien lointaine, pour nous Québécois, bien implantés dans l’Est du continent. Pourtant, la vie dans les Cantons de l’Est du XIXe siècle ressemblait à bien des égards au Far West. Voici deux scénarios dignes d’Hollywood qui se sont passés dans notre cour et qui ferait un excellent western.

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Donald Morrison, le « héros » hors-la-loi

Né de parents d’origine écossaise, Donald Morrison voit le jour à Lac-Mégantic en 1858. Après avoir appris les rudiments du cowboy dans l’Ouest canadien et aux États-Unis, il revient dans sa région natale et achète une ferme. Mais des problèmes d’argent et une mésentente financière avec le tout puissant major Malcolm McAulay, un homme très influent de la région, le pousse à se rebeller. Il entreprend alors une croisade contre les propriétaires véreux et malhonnêtes en commettant des actes de vandalisme et des incendies criminels. Dépourvue de policiers, la ville de Lac-Mégantic fait appel à un constable américain, Lucius Jack Warren, à qui l’on donne $2,50 par jour pour retrouver Morrison avec $25 de prime s’il est trouvé.

Mais le 22 juin 1888, en plein centre-ville de Lac-Mégantic, les deux hommes s’affrontent en duel et c’est Morrison qui en sort vainqueur en tirant Warren. Morrison doit alors se cacher et pendant deux ans, aidé des fermiers d’origine écossaise de la région, il sème les quelques 450 policiers de la force constabulaire provinciale, malgré une récompense de 3000$! La communauté anglophone le considérait comme un genre de Robin des Bois alors que les francophones le tenaient pour coupable puisqu’une des victimes de Morrison était la famille Duquette qui aurait floué son père. Il est finalement capturé par les constables McMahon et Pierre Leroyer qui le blessent à la jambe alors qu’il visitait ses parents. Il est condamné à 18 ans de travaux forcés à Sherbrooke, mais suite à une grève de la faim et plusieurs pétitions, on le relâche en 1894. Il meurt peu après de la consomption.

Le hors-la-loi Donald Morrison en 1880

La cavalerie à la rescousse à Malvina

Cette même année 1888, tout près de la frontière américaine, un autre épisode digne d’un western se déroule dans le hameau de Malvina, aujourd’hui dans la municipalité de St-Malo. Le 26 décembre 1887 débuta la construction du Hereford Railway, une ligne de chemin de fer qui partait du New Hampshire vers le Québec. Comme pour le chemin de fer vers l’Ouest où nombres d’immigrants chinois furent employés, le Hereford Railway eut recours à des immigrants grecs, irlandais, finlandais, hongrois et italiens. Cependant, la compagnie éprouva des ennuis financiers et les patrons s’enfuirent aux É.-U., emportant avec eux $25 000 sans avoir payé les journaliers depuis des mois. Cela mit le feu aux poudres des pauvres travailleurs qui n’étaient plus nourris non plus. Des troubles éclatèrent et des dommages furent causés à l’hôtel, à des résidences et au magasin de la compagnie ferroviaire de Malvina par 300 journaliers italiens en colère.

Les autorités s’inquiètent et font une demande d’assistance au député-adjudant-général du 5e District de la région, le lieutenant-colonel Houghton, d’envoyer la milice pour calmer les émeutiers. Le 58e bataillon de Compton, basé à Cookshire, envoie 225 fantassins et un escadron de cavalerie en direction de Malvina afin de déloger les émeutiers. Après un face à face et au bout de la baïonnette, les grévistes reculent et reviennent à la charge. Ce n’est qu’après qu’une salve tirée au-dessus des têtes par les soldats que le calme revient un peu. La crise se règle grâce au consul d’Italie qui intercède auprès des grévistes qui ne parlent pas anglais ni français. Le chemin de fer est finalement achevé en janvier 1889.

Le Far West ou le Far East

La colonisation effrénée que les Cantons de l’Est connaissent au XIXème siècle se compare tout à fait à ce que le Far West a connu au Canada et aux É.-U.; fusillades, cavalerie et chemin de fer ont marqué le développement de ces régions lointaines pour l’époque. À quand un film Eastern où on pourrait lire « Il était une fois dans l’Est… »?

Sources : grandquebec.comwww.saint-malo.capatrimoine.espaceweb.usherbrooke.ca

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