Accueil / Société

Que s’est-il passé à AmityVille ? (deuxième partie)

Après le sordide massacre de la famille DeFeo, la maison située au 112, Ocean Avenue d'AmityVille a plus que jamais fait parler d'elle. Rapidement, elle est devenue la panacée des adorateurs du paranormal en raison d'allégations voulant que d'étranges phénomènes s'y produisaient. Or, l'intérieur des murs recelait peut-être moins de secrets alléchants qu'il n'y paraissait.

À LIRE AUSSI: Que s'est-il passé à AmityVille ? (première partie)

L'arrivée des Lutz à AmityVille et le début du mythe

George et Kathy Lutz ne roulent pas sur l'or. La compagnie du patriarche ne va pas très bien et les fins de mois sont difficiles pour ce couple vivant avec trois enfants. Malgré tout, ils ont entendu parler du bas prix de la grande maison d'AmityVille située au 112, Ocean Avenue. Même s'ils savent qu'un massacre y a été perpétré, cela ne les gêne pas.

Le 18 décembre 1975, les Lutz emménagent officiellement dans cette immense demeure qui, faut-il le préciser, représentait tous leurs rêves. Dès le premier jour, ils demandent au père Mancusco de venir bénir la maison et c'est à partir de ce moment que les choses tourneront mal.

Alors que le prêtre se trouve dans la chambre où les deux jeunes DeFeo ont été assassinés, il entend une forte voix masculine lui ordonnant de déguerpir. Le père Mancusco ne croit pas bon d'avertir la famille, mais les prévient de ne pas utiliser cette pièce comme chambre à coucher, ce qu'ils feront.

Apparitions, meubles bougeant seuls et plus encore

La nuit suivante, les Lutz commencent à ressentir d'étranges sensations. Dès le lendemain, le comportement des enfants change, passant d'une grande docilité à une opposition constante avec les parents. C'est tout le contraire du chien, qui devient catatonique alors qu'il était joueur avant le déménagement. Puis, d'immondes odeurs s'élèvent dans l'air ambiant de plusieurs pièces, dont des effluves putrides d'un parfum.

Les Lutz observent aussi des coulis noirs sur les murs de la toilette de même que de la glu coulant sans explication sur les murs de la maison. À cela s'ajoutent la présence de nuées de mouches dans l'ancienne chambre des petits DeFeo et des crucifix tombant à la renverse à divers moments de la journée. Il arrive même que des meubles bougent seuls et que des portes soient endommagées, voire carrément arrachées.

Pour sa part, George devient aigri et ne peut s'expliquer pourquoi il se réveille constamment à 3:15 du matin, heure à laquelle Ronald DeFeo Jr. aurait assassiné sa famille. Il passe aussi beaucoup de temps devant le foyer, ayant constamment froid même s'il monte le chauffage.

Fait encore plus troublant, la cadette de la famille Lutz, Mélissa, erre avec une entité qu'elle nomme Jodie. Lorsqu'il en parlera au cours d'entrevues subséquentes, George Lutz mentionnera que Jodie pouvait changer de forme et qu'elle ne se montrait qu'à qui elle voulait.

Les phénomènes ne font que s'amplifier au fil des semaines jusqu'au moment où Kathy est attaquée par les entités ayant infesté la maison. Des marques rouges sont visibles sur son corps et il arrive qu'elle soit tellement assaillie qu'elle en perde connaissance. Pire, George rapporte qu'à un certain moment, son visage s'est rapidement transformée en celui d'une dame âgée et qu'une nuit, il s'est réveillé en panique alors que Kathy flottait au-dessus du lit. Il n'est également pas rare que les Lutz reçoivent la visite de démons sous formes d'immenses silhouettes avec des capuchons blancs, d'être diaboliques cornus et de cochons aux yeux rouges.

Les Lutz décident de recontacter le père Mancusco afin de lui demander de venir bénir la maison de nouveau. Or, contre toute attente, le prêtre refuse en mentionnant avoir subi plusieurs contrecoups de la première bénédiction. La famille tente alors d'éradiquer le mal elle-même en se promenant dans la maison avec un crucifix et en récitant des prières. Subitement, une flopée de voix se serait manifestée en leur criant: « Allez-vous arrêter ? »

Une nuit, les Lutz décident qu'ils en ont assez et quittent prestement la maison en laissant tous leurs effets sur place. Ils ne seront restés que 28 jours entre ces murs.

 

L'enquête des célèbres Warren

Peu après la fuite des Lutz, des enquêtes sont menées. On fait notamment appel aux célèbres Warren de la Société pour la Recherche Psychique de Nouvelle-Angleterre. Avec des enquêteurs, les Warren concluront que la maison est bel et bien infestée. Ed Warren indiquera notamment que lorsqu'il est descendu à la cave, il a vu des milliers de points lumineux et des formes sombres qui tentèrent de l'écraser au sol. La médium Lorraine Warren tenta quant à elle d'entrer en contact avec les entités, mais la séance tourna mal lorsqu'un enquêteur perdit connaissance et qu'un autre dut sortir d'urgence de la maison.

Les Warren firent aussi des recherches sur la maison et découvrirent que le terrain sur lequel était bâtie celle-ci était autrefois un site de détention amérindien pour les malades mentaux. Puis, un sorcier de Salem du nom de John Ketcham aurait utilisé ce terrain pour des cérémonies sataniques. Ketcham aurait notamment torturé des Amérindiens et effectué plusieurs sacrifices humains. Pour les Warren, les esprits démoniaques se nourrissent du mal ayant infesté ce lot d'AmityVille et il est clair que cela explique les meurtres des DeFeo de même que les phénomènes observés par les Lutz. Bref, cet endroit d'AmityVille est le mal incarné.

AmityVille, la grande supercherie ?

Tout cela a piqué votre curiosité et vous a alléché ? Malheureusement, la réalité d'AmityVille est fort probablement moins spectaculaire que le mythe l'entourant depuis des décennies.

En effet, on sait que George Lutz ne roulait pas sur l'or et qu'il a surtout fait connaître les malheurs subis par sa famille à l'auteur Jay Anson. Celui-ci a publié un livre en 1977 intitulé The AmityVille Horror – A True Story, qu'on publicisait même comme étant la version non-fictive de L'exorciste. Le livre s'est vendu à trois millions de copies et permit à Anson de même qu'à Lutz de faire une fortune non seulement en raison de ses recettes, mais aussi à travers celles d'autres produits dérivés du bouquin comme les célèbres films AmityVille.

Par ailleurs, la majorité des éléments connus d'AmityVille découlent du bouquin d'Anson, un livre fustigé par les experts du paranormal qui y ont vu une tentative de faire fortune sur le dos d'un horrible massacre familial. On reproche à Anson et Lutz d'avoir amplifié si ce n'est créé de toutes pièces les phénomènes de la maison même si George Lutz a affirmé jusqu'à sa mort avoir dit la vérité. Pourtant, avant la publication du livre, les Lutz parlaient de sensations et d'impressions plutôt que de phénomènes paranormaux physiques.

Pour appuyer leurs dires, les experts se basent sur de nombreuses contradictions entre le livre et les témoignages des principaux intéressés de même que sur certains éléments n'ayant jamais été prouvés. Par exemple, George Lutz a affirmé qu'il se réveillait à 3:15 et que cela coïncidait avec l'heure à laquelle Ronald DeFeo Jr. a été assassiné. Or, personne n'a établi l'heure des massacres avec certitude, pas même le pathologiste ayant fait les autopsies des corps.

D'autre part, l'un des membres de la famille DeFeo a indiqué que l'avocat de Ronald Jr. avait collaboré avec Anson dans l'élaboration du mythe d'AmityVille. Au fil des ans, le procureur reconnut qu'il a aidé les Lutz à fabriquer une histoire sensationnelle afin de prouver que quiconque restait au 112 Ocean Avenue pouvait subir l'influence de forces surnaturelles. Il a d'ailleurs basé l'appel du verdict de son client sur cela dans le but de forcer un nouveau procès et de le faire acquitter.

Enfin, dernier clou du cercueil de l'affaire AmityVille: les Lutz ne furent pas les derniers propriétaires de la maison. D'autres familles y ont emménagé par la suite et aucune n'a relevé le moindre phénomène paranormal. En fait, les Cromarty ont même fait changer l'adresse et intenté une poursuite contre les Lutz parce que suite à la parution du livre et du premier film, des hordes de curieux assaillaient leur demeure. Les Lutz remirent une somme aux Cromarty, mais on ignore combien.

Bref, l'histoire d'AmityVille a toutes les allures d'un récit à travers lequel une famille avec des moyens limités a cherché à obtenir son cinq minutes de gloire. Cela a parfaitement fonctionné puisqu'encore aujourd'hui, le mythe d'AmityVille continue de nous allécher. Malheureusement, les faits nous démontrent que le diable a très peu à voir avec un massacre qui a probablement été perpétré par un individu aux prises avec des problèmes mentaux, une consommation de drogues dures, une profonde crise existentielle et un rejet familial insupportable. L'horreur ne vient pas tant du massacre commis par Ronald DeFeo Jr. que de l'occasion saisie par d'autres personnes pour s'enrichir sur le dos de cette terrible tragédie.

Reste quand même une question que je me pose: comment se fait-il qu'aucun voisin n'ait entendu les coups de feu de l'arme de DeFeo alors qu'ils ont perçu les aboiements du chien ? Au-delà du mythe fabriqué, il reste des mystères à AmityVille qui sont et demeureront fascinants !

Vous avez aimé cet article ? Consultez celui-ci:

Dossier criminel: Ed Gein, le tueur ayant inspiré la plupart de vos films d'horreur !

Vous pourriez aussi aimer

Crime atroce : L’histoire derrière le visage volé de Katie Piper
Société
2 février 2020
Crime atroce : L’histoire derrière le visage volé de Katie Piper
Chaque crime laisse des traces. Cependant, il y a des délits creusant des marques beaucoup plus...
Article par
Daniel Carosella
minute(s)
32 expressions du Saguenay-Lac-St-Jean qui vous feront cramper là là!
Société
29 janvier 2020
32 expressions du Saguenay-Lac-St-Jean qui vous feront cramper là là!
Lorsqu’on pense à une région qui nous fait rire par ses expressions à coucher dehors, vient en...
Article par
Éric Doyon
minute(s)
Les hommes violents peuvent-ils guérir?
Société
15 janvier 2020
Les hommes violents peuvent-ils guérir?
Peut-on guérir de la violence? Lorsqu’on choisit la violence comme solution, met-on le pied dans...
Article par
Daniel Carosella
minute(s)