Critique BD : Joker de Benjamin Adam
Chaque dimanche, depuis longtemps, trois cousins se retrouvent pour jouer au « huit américain ». Dans la version normale du jeu, un joueur peut échanger son paquet contre celui d’un autre en déposant un « huit » sur la table. Sauf que les trois hommes ont pimenté le tout en ajoutant une petite variante : la personne qui met…
Chaque dimanche, depuis longtemps, trois cousins se retrouvent pour jouer au « huit américain ». Dans la version normale du jeu, un joueur peut échanger son paquet contre celui d’un autre en déposant un « huit » sur la table. Sauf que les trois hommes ont pimenté le tout en ajoutant une petite variante : la personne qui met un joker sur la table peut changer de vie avec un autre joueur, et ce, jusqu’au prochain dimanche.
L’un des trois cousins est l’héritier de la société la plus importante de la région, alors que les deux autres sont frères et travaillent comme ouvriers dans la même boite. Ils sont mariés à deux soeurs. Malgré leur statut social différent, ils se sont tous très bien entendus jusqu’à ce fameux jour qui changera à jamais leur vie…
Dans Deux milligrammes, une autre bande dessinée parue chez La Pastèque, j’avais déjà été charmé par les talents de narrateur de Benjamin Adam. Mais ça n’a rien à voir ici. L’auteur, qui habite présentement à Nantes, pousse le concept encore plus loin. Dès la première case, il nous propulse dans son univers.
Sa narration, d’une grande clarté, et surtout très prenante, ne nous laisse pas d’autres choix que de dévorer son album d’une traite, même s’il fait quand même 128 pages (ce qui est relativement beaucoup pour une BD). Chaque personnage, même le plus insignifiant, est présenté à la manière de Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. En une fraction de seconde ou presque ou sait les moindres secrets de tel ou tel individu, avec, en prime une légère dose d’humour.
Tranquillement, les pièces du puzzle s’assemblent, sans jamais nous laisser entrevoir la fin. D’ailleurs, celle-ci, même si elle n’est pas la plus inattendue du monde, satisfait notre curiosité de lecteur. Chose rare, elle nous donne même envie de relire l’album, pour s’assurer qu’on n’a rien manqué au passage.
Le dessin en noir et blanc propose, quant à lui, une présentation très classique, sans pour autant être trop rigide. Les personnages, bien qu’étant assez caricaturaux, ont le mérite de se différencier aisément. Je pense que c’était un most pour un thriller aussi complexe que celui-ci.
Verdict
À mon humble avis, il s’agit de l’un des meilleurs livres sortis chez La Pastèque dans les dernières mois. Joker est une bande dessinée profonde, intelligente, bien travaillée et où aucun détail n’a été laissé au hasard. À lire absolument!
Joker
Benjamin Adam
128 pages
La Pastèque
Cote : 4,75 étoiles sur 5.
