Nestor Burma – Micmac moche au Boul’Mich : le détective privé le plus populaire de la BD est de retour!

Créé en 1942 par Léo Malet, Nestor Burma est considéré comme le premier détective privé de la littérature française. Les aventures de l’homme ont été adaptées au cinéma, à la télévision et même au théâtre. En 1982, Jacques Tardi s’est également intéressé au personnage dans « Brouillard au pont de Tolbiac », le premier tome d’une toute nouvelle série de bandes dessinées inspirée de l’oeuvre de Léo Malet et publiée chez Casterman. Après plus de 30 ans, la série est toujours bien vivante. La preuve, « Micmac moche au Boul'Mich », le dixième opus, est paru récemment.

Par contre, il est important de noter que Tardi ne met plus en image le fameux détective privé. Il a arrêté en 2000 avec la parution du cinquième tome. En fait, depuis le neuvième volume, c’est Nicolas Barral qui signe le scénario et le dessin (Emmanuel Moynot avait réalisé les tomes 6 à 8). 

Malgré ce changement important, force est d’admettre que du point de vue graphique, Micmac moche au Boul'Mich semble vraiment avoir été dessiné par Tardi. Évidemment, les plus grands fans noteront des différences ici et là, mais, dans l’ensemble, l’illustrateur français a vraiment su conserver l’esprit « artistique » de la série. Et ça, ce n’était pas gagner d’avance! 

On reconnaitra, bien sûr, le charisme particulier des personnages et en particulier celui du héros. La ville de Paris, où l’action se déroule, n’a toutefois rien à envier aux protagonistes. Même si l’action se déroule l’hiver, la Ville lumière nous envoûte avec ses rues, ses trottoirs et ses carrefours grouillants de vie. Les environnements intérieurs sont encore plus impressionnants. Il se dégage de chaque lieu une atmosphère qui lui est propre. Le 9e art ne nous permet pas encore de sentir le chaud, le froid ou les odeurs, mais on dirait que Barral y parvient presque. 

Le scénario pour sa part fait vraiment « film noir ». La narration, effectuée par le héros, nous accompagne du début à la fin. C'est comme si on nous tenait en permanence par la main. Malgré cela, elle n'est jamais trop lourde. Je dirais même qu'elle apporte de la densité au récit qui nous fait souvent penser à un roman illustré, tant il y a du texte et des encadrés.

D’ailleurs, globalement, il s’agit d’un bon polar. L’enquête policière est intéressante à suivre et on prend plaisir à ramasser les différentes pièces du puzzle. L'intrigue ne se gêne pas pour emprunter des chemins peu fréquentés.

Burma enquête en effet sur le suicide d’un étudiant en médecine. C’est sa maitresse qui lui demande d’enquêter. Si la cause de la mort n’est pas discutable, il en est autrement pour les motifs. Même la police n’a pas su les trouver. De fil en aiguille, on découvrira que cette histoire est beaucoup plus complexe qu’elle n’y parait. 

Verdict

Nestor Burma est en très grande forme dans Micmac moche au Boul'Mich. Et ça, c’est à cause de Nicolas Barral qui semble avoir tout donné en réalisant cet album. On espère qui lui restera un peu de jus pour le prochain! 

Nestor Burma – Micmac moche au Boul’Mich 

Nicolas Barral

94 pages

Casterman 

Cote : 4,5 étoiles