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Pierre-Bruno Rivard : entrevue d’humoriste à humoriste

Je fais découvrir ce mois-ci un humoriste vraiment spécial. C'est toujours un plaisir de discuter et d'échanger avec Pierre-Bruno. C'est un homme brillant qui a fait beaucoup de chemin. Il n'a pas peur des mots et de se dévoiler fièrement. C'est un artiste extrêmement talentueux et polyvalent. Son introspection m'inspire. Il est un modèle pour plusieurs. Entre deux, trois expressos, on jase de tout. Je suis heureuse de vous le présenter dans l'intimité.

Pierre-Bruno, tu as fait des études en agroalimentaire. Au départ, tu voulais vraiment travailler dans l’alimentation? Et c’est quoi ça l’agroalimentaire?!
 
Oui, j’ai commencé des études en science et technologie agroalimentaire. Pour répondre à ta question, ça veut dire « la chimie des aliments ». C’était mon choix de carrière. Mes deux parents travaillent dans le domaine. J’étais fasciné, je trippais sur la bouffe et ses propriétés. J’ai toujours été curieux. Pour vrai, quand j’étais petit, je voulais vraiment être inventeur pour Starfrit! Moi, quand j’ai vu l’annonce de Rotato Potato, je trouvais ça complètement débile! (Sourire) Juste pour te dire, quand j’étais petit, je lisais juste des magazines de Découverte Junior. Enfin bref, je n’ai pas complété mon BAC en agroalimentaire. J’ai pris un autre chemin plus surprenant. C’est qu’une amie, Catherine Lamontagne, dans le temps du Journal de Québec, m’avait parlé d’un concours d’humour amateur. J’étais loin d’être humoriste, mais j’écrivais des observations drôles dans mes cahiers. J’ai fini par participer au concours. Ensuite, à ma grande surprise, j’ai été approché par 102,9 FM pour travailler avec eux comme auteur. C’est là que tout a commencé.
 
Mais tes débuts de carrière se sont faits en musique pourtant?
 
Oui, c’est vrai. J’étais au cégep anglophone en science de la santé. J’étais dans un groupe de musique qui s’appelait Éléphantine. Je jouais avec Maxime Desbiens Tremblay. Oui, celui qui jouait Manolo dans Ramdam. Ç’a bien été. On faisait des spectacles. On a été premiers à la radio plusieurs semaines. Je me suis même fait reconnaître « une couple de fois »! (Sourire)
 
Juste un an après ta sortie de l’École nationale de l’humour, tu étais déjà sur un gala Juste pour rire. C’est incroyable! C’est quoi ta recette du succès?
 
Je ne sais pas si on peut parler de succès encore (rires). Mais oui, ça va bien effectivement. Par contre, je suis un éternel insatisfait. Je ne suis jamais content ni impressionné. Je me tape rarement dans le dos. C’est vrai que faire un gala, c’est gros. Mais avec du recul, je ne sais pas si j’étais prêt à faire un gala si tôt. Ç’a super bien été. Je suis fier de moi et j’ai réussi à livrer. Par contre, question solidité, c’était trop tôt. Mais on ne peut pas dire non à un gala. Il faut prendre toutes les opportunités dans ce milieu-là.
 
Tu as connu une popularité très rapidement à ta sortie de l’école de l’humour. Est-ce que l’école nous prépare suffisamment au succès? Au début, est-ce qu’en voulant être accepté du milieu, on peut en faire ou en dire trop?
 
Oui, ça m’est arrivé. J’ai fait des erreurs de jugement dans ma carrière. On en fait tous. J’ai déjà manqué de nuance par exemple dans mes propos. Je me souviens d’une entrevue avec Mike Ward dans un podcast où je n’ai pas mesuré la portée de mes paroles. Certaines personnes n’avaient pas apprécié mon discours. Et elles avaient raison. J’étais mal préparé et je manquais cruellement d’expérience. Et personne te l’explique vraiment ça. Ce n’est pas facile de faire de la télé. J’ai appris à la dure. J’en prends pleine responsabilité. Des fois, faut apprendre à mettre son ego, son orgueil de côté au profit de la vérité. Dans ce cas-ci, j’avais entamé la vraie réflexion sur l’école après cette entrevue. Le droit à l’erreur, c’est toi qui dois te l’accorder. Ce n’est pas aux autres à te le donner. Le marché ne fonctionne pas comme ça. Maintenant, je mesure vraiment ce que je dis. On apprend tous les jours.
 
Parle-moi de ton parcours en humour…
 
J’ai beaucoup évolué depuis ma sortie de l’école. Je me souviens que je n’ai pas toujours été facile à vivre. J’ai manqué d’ouverture à certains moments, je crois. Parfois, je n’ai pas pris le risque d’essayer différentes choses. Mais en réalité, c’est bien de juste essayer dans la vie. J’avais mon idée préconçue de ce que je voulais faire. J’acceptais moins les directives. J’avais des réticences qui ne servaient à rien. Mon approche a été à double tranchant. Je faisais l’école et en même temps, le soir, je jouais dans les bars. J’aurais pu prendre des mauvais plis. L’école a été bonne pour moi. J’ai fait tellement de belles rencontres là-bas. Côté écriture, l’école a été magique. Maintenant, je gère mieux mes émotions et je me connais davantage. Ç’a clairement influencé mon art.
 
Tu ne consommes plus d’alcool depuis deux ans et demi. Félicitations, tu dois être tellement fier de toi. Penses-tu que tu as inspiré certaines personnes?
 
Oui, je suis vraiment fier de ne plus boire! (Sourire) J’ai arrêté le 25 septembre 2010. J’en ai même fait un numéro. Le nombre de personnes qui m’a écrit pour me dire « bravo, je sais ce que tu vis »! Beaucoup de gens ont été touchés par ce numéro parce qu’ils connaissent des personnes dans cette situation. C’est incroyable. Et c’était totalement l’objectif de mon numéro. Pour moi, la beauté de l’humour, c’est que tu peux prendre ce qui a de plus laid et tu le transformes en quelque chose de magnifique.
 
Ça n’a pas dû être évident d’arrêter? Surtout que ton métier se passe surtout dans les bars.
 
Non, ça n’a pas été évident. Je suis toujours dans un bar, tout est gratuit et je m’en fais offrir tout le temps! Mais j’ai eu une prise de conscience à la fin de la tournée de l’école. J’ai réalisé que je buvais tous les soirs. J’étais bien anxieux, nerveux, angoissé parce que je veux beaucoup. Et l’alcool me donnait un coup de main. Ça m’aidait à dormir et à me calmer. Je suis un gars obsessif, tout ce que j’aime, je le fais 24h/24. Ça n’a pas donné de bons résultats avec l’alcool. Je crois que si je refaisais l’école de l’humour sans alcool, tout serait vraiment différent. Je vivrais ça différemment, c’est clair. Je comprendrais pourquoi il faut que j’explore. Je tiendrais moins tête à l’autorité. Si je le refaisais là, à jeun, je serais un bien meilleur étudiant. Je me souviens qu’un jour, je me suis levé et j’ai réalisé que j’avais tout pour être heureux, mais que je ne l’étais pas. Alors, je suis allé en thérapie fermée. Quand je suis sortie de là, je n’ai plus jamais bu une goutte d’alcool. Il a fallu que je réapprenne à tout faire à jeun. À dormir… à gérer mes émotions… à cruiser… (Rires) J’ai décidé d’arrêter avant de toucher le fond du baril.
 
Tu as gagné un Olivier l’an passé pour les textes de Maxim Martin. Tu dois être excessivement fier de toi. Tu as réalisé les rêves de tous les humoristes après deux ans de carrière! Où as-tu exposé ton Olivier?
 
C’est important de le mentionner, c’est un prix de groupe. C’est Maxim qui le partage avec nous autres. J’ai participé à ce projet. Je ne veux surtout pas m’approprier le succès de ce spectacle-là. L’Olivier, je l’ai donné à mes parents. Je n’ai pas besoin de l’avoir chez moi. Je vais finir par ne plus le remarquer. Moi, je suis ce genre de gars qui veut des choses dans vie et une fois que je les ai, je passe au prochain défi. Je ne veux pas me complaire. Je suis super fier de mon prix, mais mes parents le sont encore plus.
 
Beaucoup de gens peuvent se poser la question à la maison. Lorsque tu écris pour un autre humoriste, est-ce que cela peut nuire à ta propre inspiration pour tes textes? Pourquoi ne gardes-tu pas ce matériel pour toi?
 
Faut comprendre que ce n’est pas la même chose. Je n’écris pas mon stock pour les autres. Je ne leur donne pas mes idées de numéro, je leur donne des idées pour leur numéro. Moi, je n’ai pas de difficulté à me mettre à la place des autres pour composer. Au contraire, j’aime ça rendre service. L’écriture, c’est une passion comme la scène.
 
Pour réussir dans le milieu, ça prend trois choses : le talent, le travail et le timing. Tu me le diras si je me trompes, mais j’ai l’impression que tu as réalisé que le timing dépendait beaucoup des relations qu’on développe au fil du temps. Dans mon cas, je partage ce point de vue. Es-tu un peu PB le PR?
 
(Sourire) Effectivement, tu ne peux pas contrôler le timing. Y en a pour qui le timing est associé à la chance et je ne crois pas ça du tout. Je donne un exemple comme ça : tu pêches le poisson. Tu es un excellent pêcheur, donc tu as le talent. Tu pêches tous les jours, donc tu as le travail. Mais il est clair que si tu retournes sur le lac sans arrêt, tu crées ta chance aussi. À un moment donné, tu augmentes tes opportunités. Le milieu de l’humour, c’est comme une tour de bureaux. Tu dois savoir qui fait quoi, connaître les différents départements et connaître ceux qui prennent des décisions. Tout est du PR dans la vie. Au Québec, on a peur du succès. Tu n’as pas le droit d’être confiant, c’est perçu comme de l’arrogance. Le PR a une connotation négative pour aucune raison. Non, tu ne contrôles pas le timing, mais par contre, tu peux favoriser les probabilités.
 
Tu sembles épanoui, heureux, plein d’introspection. Est-ce que c’est l’amour qui te fait autant de bien?
 
(Sourire) C’est vrai que je vais bien. L’introspection, la gestion de l’ego y sont pour beaucoup. J’ai appris tellement de choses, dont l’humilité. Oui, je suis en amour par-dessus la tête! Je trippe totalement! J’ai une phrase qui me rejoint beaucoup : « Sois le changement que tu veux voir. Incarne-le ». C’est ça que j’ai fait.
 
Merci Pierre-Bruno!

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